Transformation

par Alain SENCEY
de Marolles


Qui m'aurait dit, voilà déjà trois ans, que je parviendrais à étreindre la queue du paon et à laisser la grue blanche déployer ses ailes, m'aurait laissé perplexe et incrédule. Car, sortant d'une longue hospitalisation, j'avais bien de la peine à marcher et pire encore à monter les escaliers. Toutefois, le corps a des ressources que nous ignorons le plus souvent. J'ai eu la chance d'avoir dans mes relations un adepte de la médecine chinoise qui m'a fait comprendre que le corps est un tout et qu'il suffit de l'écouter, de l'entendre surtout, et de se laisser guider. J'ai ainsi retrouvé des fonctions que je croyais perdues à tout jamais. Restaient des raideurs. Articulaires entre autres. Et de l'asthénie musculaire.


Je connaissais le Taï Chi, mais j'étais convaincu que je ne parviendrais jamais à réaliser ces figures tant il me semblait qu'elles nécessitaient des dispositions que je n'avais plus. Je me suis laissé tenter malgré tout et je suis venu voir si j'avais quelques affinités avec cette discipline. Les premiers gestes, dans un silence surprenant, étaient simples, et les explications de Lionel limpides, quoique un peu trop sotto voce pour moi dont l'oreille a perdu de son acuité. Je me suis laissé emporter par ces mouvements et j'ai décidé de poursuivre l'expérience. Dès les premières séances, j'ai ressenti du bienfait, malgré les courbatures ! Je marchais mieux, mes articulations se dérouillaient et, miracle pour ce qui me concerne, je pouvais enfin m'accroupir et me redresser, ce que je ne pouvais plus faire depuis des mois : pour ne citer qu'un des problèmes résolus, ou se résolvant, par l'acquisition de ces gestes qui nous remettent les pieds sur Terre en nous tendant vers le Ciel.


Non, vraiment, je n'aurais pas cru en intégrant le Taï Chi Club de Saint-Vrain en septembre 2006, que je fêterais le Nouvel An chinois en déroulant, sans trop d'accrocs me semble-t-il, toutes les figures de la Terre.