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Etude sur le TAO

par Gérard Edde / Le Chemin du TAO / éd Table ronde

par Nathalie Chasseriau / Les Leçons du TAO / Psychologie magazine






Le Chemin du TAO
par Gérard EDDE / édition de la table ronde






Le TAO, une Route vers l'Infini :


L'esprit fondamental de la philosophie du Tao est de trouver l'essentiel et de le développer. Pour y parvenir, les illusions et la superficialité doivent donc être démasquées. Ainsi la voie naturelle des anciens taoïstes dresse un pont entre l'être ordinaire et de vastes potentialités, souvent ignorées. C'est pourquoi ce chemin spirituel et philosophique ne présente aucune difficulté d'adaptation aux différentes époques et à la diversité des cultures. En fait, la voie du Tao représente un premier pas sur la route spirituelle qui ne rentre en contradiction avec aucune autre voie.


Avant de définir le sens du mot Tao (Dao en pinyin) dressons un bref inventaire de ce qu'il n'implique pas. Le Tao ne se définit nullement comme :


- une philosophie panthéiste matérialiste
- une séquelle du chamanisme animiste
- une pensée hédoniste et conciliante
- une validation antérieure des théories post-freudiennes
- une école de pratiques eugéniques


Ces idées reçues sur la philosophie du Tao nous mettent en garde contre une tentative hâtive d'interprétation, ce qui serait un moindre mal, ou de récupération plus malhonnête intellectuellement. Les sinologues n'ont pas facilité les choses par leur choix discutable des textes traduits. Quelle est donc la signification du mot Tao ? Il a le même sens que le mot Giulu signifiant : les règles, et le mot Daolu, la voie ou le chemin. En fait, son sens profond exprimé par les anciens sages est celui de " chemin menant fermement à la racine des choses ". Cet enseignement sous-entend que l'être humain n'a guère le choix ; de toutes les façons nous devons suivre un chemin bon gré mal gré, alors autant qu'il mène à l'essentiel !




Le Ql glacé par le stress :


L'application pratique de la philosophie naturelle du Tao dans l'exercice physique de santé se trouve dans la notion de circulation du Qi. Si ce dernier est bloqué par des contractures, des stagnations de sang dues aux stress ou aux éléments climatiques, il en subira un déséquilibre qui amènera un état de malaise, voire des douleurs. Pour les taoïstes cette notion de circulation du Qi est primordiale pour le maintien de la santé. Cette notion diffère dans son énoncé des principes généraux de la médecine chinoise classique qui considère plutôt les notions quantitatives et qualitatives de l'énergie et des substances vitales.


Pour dissoudre l'engorgement du Qi, le mouvement est préconisé. Cependant, cette dynamique se révèle insuffisante si les muscles et les tendons restent contractés. Ici intervient la notion de " Song " que l'on pourrait traduire de façon lapidaire par relaxation. En fait, ce terme implique une notion d'action et de détente simultanées. Au cœur des arts internes taoïstes du Taijiquan et du Bagua zhang, ce travail paradoxal se trouve être le pivot du progrès. La forme extérieure est insuffisante pour amener le Qi à circuler de façon naturelle dans le système des Jingluo (méridiens). Les traditions taoïstes ont exprimé cette notion de libre circulation de l'énergie sous l'allégorie de la glace qui se transforme en eau, puis en vapeur.





La glace représente les tensions chroniques accumulées dans le corps sous l'influence des stress physiques et émotionnels. Par le travail interne sur la sensation et l'induction d'une vision (Zi ou tseu) intérieure, le Qi peut libérer l'énergie (l'eau) qui se met alors à s'écouler dans les canaux subtils, nourrissant le Qi routinier. Ensuite cette même eau peut se transformer, par la force de la concentration, en une substance alchimique qui est en fait une énergie plus pure et plus consciente. Ce véritable processus alchimique qui s'appuie très concrètement sur le corps et la relaxation est de fait un premier pas sur le chemin spirituel. La relaxation véritable est la clé de la paix intérieure.




La MÉDITATION, cœur de la voie du TAO :


La méditation demeure, bien sûr, le cœur de la voie du Tao. Cependant ce terme, ambigu dans notre langue, évoque maladroitement l'essence de la pratique. En Occident, la méditation est souvent perçue comme le simple fait de s'asseoir et de placer une sorte de chape blanche devant sa conscience. En fait, la méditation devrait pouvoir atteindre et baigner la vie quotidienne. Le but de la méditation fondamentale taoïste, fruit du travail sur les canaux d'énergie, est finalement d'étendre la conscience.


Les premiers exercices méditatifs d'approche de la voie du Tao sont en général simples et visent à établir correctement cette même simplicité. On décrit souvent dans les livres d'exégèse occidentaux les méditations taoïstes comme de longues pratiques de visualisation sur des symboles ou déités complexes et exotiques. C'est un peu comme si l'on décrivait la physique comme étant seulement au niveau de la théorie d'Einstein, quasi inaccessible au commun des mortels. Il s'agit peut-être pour les sinologues de démontrer ainsi combien ils sont érudits, mais cela contribue aussi à donner une fausse idée de l'enseignement de la voie du Tao. Rappelons-nous les stances de Lao Zi au sujet de l'impossibilité de discuter du Tao avec des mots. Il est utile de savoir que, même en Chine, le nom des méthodes a varié sans que l'essentiel en soit affecté. Le long de l'histoire des dynasties les caractères calligraphiés changent, mais le principe reste le même :


- Ching Tsuo : s'asseoir en paix
- Tou Na : inspirer et expirer naturellement
- Lian Qi : mouvoir l'énergie
- Nei-Gong : transformer l'interne


La base de l'enseignement taoïste repose sur le cycle de la Longue Vie. L'approche s'appuie dès le début sur l'énergétique et la relation étroite qui existe entre le corps et la conscience. La meilleure façon de rendre cette relation consciente consiste à commencer par la pratique de la concentration. D'un point de vue historique, les taoïstes ont développé plusieurs systèmes de méditation aux noms semblables, mais aux pratiques de concentration différentes :


- observer l'intérieur
- se centrer sur l'unité
- se focaliser sur le centre
- retrouver l'esprit originel
- se concentrer sur les portes de Jade
- arrêter les pensées et vider l'esprit
- unifier l'esprit et le souffle


Le point commun de ces méthodes est l'utilisation de la concentration pour atteindre enfin la contemplation naturelle.




Le Développement de la CONCENTRATION :


Le comportement, ou Shen gong, est l'entraînement qui consiste à adopter une attitude correcte dès le début de la pratique. Par exemple dans les arts du Taijiquan et du Qi gong, on reçoit certains préceptes sur la posture, le souffle et la visualisation. Parfois, on demande à l'adepte de s'abstenir de telle ou telle nourriture et d'adopter une certaine hygiène de vie. Dans la voie préliminaire de la concentration, il est simplement demandé d'éviter le tabac, l'alcool et toute substance provoquant l'excitation ou l'endormissement cérébral. On devrait aussi, au moins passagèrement, purifier son esprit des désirs mondains et mettre de côté les pensées conflictuelles : soucis, stress, inquiétudes, etc. Dans cette pratique de la concentration, on travaillera le premier " mot " de Lao Zi : la quiétude. On dit alors que le cœur, le Xin, est pur, au sens où nous l'avons établi précédemment. Lao Zi a dit encore : "Vider son cœur et remplir son ventre". On aura compris ici qu'il ne s'agit pas de remplir le ventre de nourriture, mais de Qi.


Pour un débutant dans la voie du Tao, les erreurs ou " déviations " viennent souvent de ce que l'esprit et le souffle ne sont pas purifiés. Il est souvent difficile, en fait, dès le début, de bien contrôler l'un et l'autre, les erreurs semblent donc presque inévitables. Par exemple les pensées s'enchaînent sans fin, comment alors être sûr que le souffle n'est pas dispersé ? Par ailleurs si la respiration est laborieuse, tendue ou trop ralentie, comment l'esprit peut-il être calme et détaché ? La pratique même de la concentration vise donc à apprendre à éviter ces erreurs et à développer une grande relaxation, en profondeur, pour le corps et l'esprit.



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Les Leçons du TAO
par Nathalie CHASSERIAU / Les cahiers de psychologie magazine




Contempler la nature vous calme ? Après une période de travail intense, vous recherchez le repos? Vous détestez prendre des décisions hâtives ? Si vous avez répondu oui à ces trois questions, cela signifie que vous êtes déjà taoïste sans le savoir. Créer l'harmonie, savoir trouver l'équilibre entre l'action et la passivité, apprendre à repérer ce qui est juste... Telles sont les lois du tao, concept fondamental de la spiritualité chinoise, toujours d'une grande actualité pour ceux qui cherchent le bien-être.


Le TAO ? Il a été traduit par " voie ", " courant de la vie ", " doctrine ". Mais ce " principe premier qui embrasse toutes choses et engendre tous les phénomènes ", selon le Dictionnaire de la sagesse orientale, reste impossible à définir. On ne connaît de lui que ce qu'en ont dit les grands sages de l'Antiquité chinoise, les plus connus étant Confucius, Lao Tseu et Tchouang Tseu. Contrairement à ce que l'on croît souvent, le tao n'est pas la propriété exclusive du taoïsme, il appartient à la pensée chinoise dans son ensemble. Confucius a donc, lui aussi, beaucoup à nous dire sur cette harmonie originelle.


Opérant derrière toute chose dans le ciel et sur la terre, celle-ci est à la portée de chacun de nous. Nous connaissons tous le tao sans le savoir. Lorsque nous nous en rapprochons, notre vie se déroule harmonieusement, nous agissons sans effort de la façon la plus juste et la plus adaptée aux circonstances, en toute spontanéité. Quand nous nous en éloignons, rien ne va plus et nous nous épuisons à vouloir combattre les gens et les événements.




LECON 1 : " La seule chose qui ne changera jamais, c'est que tout est toujours en train de changer ". (Yi King). Tout change tout le temps : je ne peux donc rien tenir pour acquis.


En observant l'alternance du soleil et de la pluie dont dépendaient leurs moissons, les Chinois de l'Antiquité avaient compris que le changement est l'essence même de la vie. Le jour succède à la nuit, le printemps à l'hiver, l'adulte à l'enfant. Rien n'est fixe, tout bouge et se transforme continuellement, dans nos vies personnelles comme dans l'univers tout entier. Se souvenir de la loi du changement permet de prendre plus de recul face aux événements : quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, on peut mettre celle-ci en perspective, entrevoir son évolution. Savoir que tout change tout le temps évite de se laisser surprendre ou déstabiliser par les événements.


A cultiver :

J'affûte ma perception, de façon à reconnaître les changements au tout premier indice. Je relativise ce qui m'arrive, car tout peut basculer d'un moment à l'autre. Je mets toute mon attention dans mes relations avec les autres, sachant qu'elles sont en perpétuelle évolution.

A éviter :

Je ne me laisse pas envahir par mes émotions, car je sais qu'elles sont passagères. Et que mon humeur est changeante. Je ne dis plus " Je suis comme ça " ou " C'est comme ça ". Car au moment même où je finis ma phrase, ce n'est déjà plus " comme ça " !





LECON 2 : " Entre oui et non, la frontière est bien mince. Le bien et le mal sont entremêlés ". (Lao Tseu). Chaque chose implique son contraire : c'est pourquoi je renonce à porter des jugements.


Pour définir quelque chose, nous sommes habitués à l'opposer à son contraire : le mal est le contraire du bien, le chaud le contraire du froid, etc. Rien de plus faux pour les Chinois, pour qui il n'y a pas de séparation, mais un processus, une polarité entre deux éléments qui ne peuvent exister l'un sans l'autre. " Pile " n'est pas le contraire de " face " : il s'agit d'une seule et même pièce, qui a évidemment deux côtés. Cette vision non dualiste ne nous est d'ailleurs pas totalement étrangère : ne disons-nous pas qu'une personne a " les défauts de ses qualités "? Quant aux cyclistes et aux montagnards, ils savent bien que " montée " n'est pas le contraire de " descente " : tout dépend du sens dans lequel on va.


A cultiver :

J'oublie les notions de chance et de malchance : la catastrophe d'aujourd'hui pourrait demain se révéler une aubaine. Et réciproquement. Avant de dire qu'il fait mauvais, je me souviens que la pluie est essentielle à la survie de la planète. Avant de dire qu'il fait beau, je pense aux conséquences de la sécheresse. Je sais entrevoir le positif. Je sais apprécier les difficultés, car ce sont elles qui me font avancer.

A éviter :

Je ne m'arrête pas à la surface des choses : j'envisage toujours le revers de la médaille. Je freine mon enthousiasme quand les choses vont bien. Je ne cède pas au découragement quand elles vont mal. Je me garde de mettre des étiquettes : j'apprends à moduler mes opinions.





LECON 3 : " La respiration d'un homme accomplit vient des talons. Celle du vulgaire vient de la gorge ". (Tchouang Tseu). L'énergie qui me traverse me vient de l'univers. Mais c'est à moi de la cultiver.


Chacun de nous est relié à tout ce qui existe, car animés par le même " souffle " que les Chinois appellent le qi (prononcer " tchi "). Fondement de l'existence et de toutes ses manifestations, cette énergie est le matériau primordial qui se condense en donnant la vie et se dissout lorsqu'elle la retire. A la naissance, notre qi est à l'état brut, et c'est à nous qu'il incombe de l'affiner. Notre bien-être physique et psychique, ainsi que notre accomplissement en tant qu'être humain, dépendent de la qualité du qi qui nous traverse. Cultiver le qi - ce que les Chinois appellent qigong -, c'est d'abord apprendre à bien respirer : la maîtrise du souffle permet de se relier à la terre et de communiquer avec tout l'univers.


A cultiver :

Je m'habitue à respirer profondément et en conscience. Chaque matin, j'aère toutes les pièces de la maison. Si ma posture est mauvaise, mon qi circule moins bien : je pense à redresser mon dos, détendre mes épaules, décrisper mes mains et mes pieds.

A éviter :

Je ne fréquente pas les endroits bruyants, surpeuplés et mal aérés. Je limite les "agents pollueurs " : stress, course contre la montre, cafés et cigarettes à la chaîne. Je ne laisse pas la poussière s'accumuler, elle fait stagner le qi.




L'association tient à votre disposition les textes des 17 autres leçons proposées par l'auteur.






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