Aller en bas de page Sommaire Accueil



Tai Chi Chuan, Squelette et Fluidité
par Stephan ZIMMER










Un des axes qui me guident dans la pratique, c'est le développement de la conscience du squelette.


PRATIQUER


C'est faire, refaire, expérimenter, ressentir, rechercher, s'interroger, découvrir, observer, comprendre et affiner la forme. Mais c'est aussi transmettre et enseigner. C'est également être mis à l'épreuve : celle d'être confronté à ses limites, à ses insuffisances, celle de refaire la même chose sans se répéter celle de se discipliner.




FORME


La forme c'est un enchaînement défini, codifié de mouvements. Comme toute forme corporelle le Tai Chi Chuan possède une structure spatiale ( les directions du mouvement par exemple), une structure temporelle ( la séquence des mouvements) et s'inscrit dans la gravité (la notion d'axe dans le Tai Chi Chuan ou le fait de pivoter sur le pied plein ou vide suivant les écoles).









LE SQUELETTE


Elément de structure du corps humain, est donc un élément à prendre en compte dans la pratique de la forme. C'est en effet le squelette qui définit les mouvements possibles entre les différentes parties du corps au niveau des articulations. C'est également le squelette qui est le mieux à même de transmettre les efforts (poids, actions diverses) sans fatigue et sans effort. Au niveau des articulations les mobilités entre les os sont dans pratiquement tous les cas des rotations et non pas des glissements ( sauf par exemple au niveau de l'articulation entre la clavicules et l'omoplate). C' est ainsi que l'on peut dire que le Tai Chi Chuan, et ses mouvements basés sur des cercles et des spirales, et le squelette, sont faits l'un pour l'autre. Le développement de la conscience du squelette me paraît important en tant que pratiquant comme en tant qu'enseignant.


Combien y a-t-il de personnes qui placent l'articulation de la hanche au niveau des crêtes iliaques ? Et comment peut-on fléchir les jambes et descendre avec cette image du corps ? Combien de personnes ont conscience des différents mouvements de l'omoplate sur la cage thoracique ? Comment peut-on relâcher les épaules sans cette conscience ? Combien de personnes ont-elles conscience du volume et de l'emplacement des vertèbres lombaires, pratiquement au centre du ventre, ce qui fait une différence pour se centrer ? ou de l'emplacement de l'articulation du crâne sur les cervicales près de la ligne des oreilles, ce qui fait une différence pour allonger la nuque ? Ces quelques exemples montrent à quel point la forme pratiquée peut être enrichie, affinée par une idée plus précise du squelette et des mobilités des os les uns par rapport aux autres. Et de même la pratique permet d'enrichir l'image que l'on a du squelette, ce qui influe sur l'image de soi et retentit sur tous les aspects de la vie. C'est pourquoi je pense que cet axe de travail est un guide fiable pour la pratique.








FORME LENTE


La grande originalité du Tai Chi Chuan par rapport à d'autre pratiques corporelles c'est bien sur la lenteur des mouvements. Cette lenteur provoque et permet plusieurs choses, entre autres : un fonctionnement mental différent du fonctionnement courant dans nos sociétés en amenant le cerveau gauche à se taire et en laissant la place au cerveau droit de porter l'attention à la façon dont bougent les différentes parties du corps, d'en expérimenter d'autres et de découvrir les liens entre toutes ces parties, entre le centre et la périphérie de prendre conscience des appuis au sol, de la manière dont le corps s'inscrit dans et répond à la gravité (l'axe), du lien entre les actions (poussée par exemple) qui sont reliées aux appuis des pieds. De découvrir qu'il existe d'autres manières de faire, de bouger, de penser que celles qui sont habituelles. La lenteur des mouvements est ainsi un moyen privilégié pour développer la conscience du squelette.




FORME FLUIDE


D'une certaine façon (bien chinoise), il existe une opposition, un paradoxe entre ces deux mots : une forme fluide est en quelque sorte une forme qui se déforme constamment. Une forme corporelle peut pourtant être fluide si elle s'appuie et respecte la structure et les mobilités du squelette qui est une structure très déformable. Au niveau de chaque articulation il existe une position neutre. Cette position, qui peut évoluer, correspond à l'endroit où les parties reliées par l'articulation ne sont ni à droite ni à gauche, ou ni devant ni derrière, ou bien ni en haut ni en bas. La recherche des ces positions qui permettent, avec la même aisance, d'aller dans toutes les directions, ou qui permettent, avec la même aisance, de passer d'un mouvement à un autre, est aussi une voie vers la fluidité, tout en procurant calme, relâchement et ouverture. La fluidité du mouvement s'obtient au fur et à mesure que les structures sur lesquelles s'appuie le pratiquant ne sont plus extérieures et deviennent intérieures (c'est à dire lorsque le mouvement s'organise à partir du squelette), ce qui permet au pratiquant d'être centré, d'avoir les pieds sur terre, d'être moins entraîné par les éléments extérieurs, mais au contraire d'y coller, de s'y adapter, de les utiliser.








PRATIQUER UNE FORME FLUIDE


C'est un des objectifs des pratiquants de Tai Chi Chuan. Mais le travail sur la forme (précision des mouvements, cercles, spirales, axes, directions, rythmes, conscience du squelette, relâchement musculaire, qualité des appuis ....) c'est, je crois, avant tout un moyen : pour le pratiquant, c'est un moyen de développement individuel sur de nombreux plans (physique, émotionnel, mental, relationnel, spirituel ..) permettant d'éviter de rester dans les illusions, la confusion ; pour l'enseignant, c'est un moyen très concret (et donc bien chinois), bien que difficile et parfois peu gratifiant, de transmettre le Tai Chi Chuan et d'apporter de réels éléments d'évolution....




retour en haut de page Sommaire Accueil