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Les principes essentiels du TaiJi Quan
De Yang ChenFu


extrait de TaiJi Quan, art martial, technique de longue vie / Catherine Despeux / Trédaniel



1) Vider la nuque et maintenir l'énergie au sinciput :

Maintenir l'énergie au sinciput, c'est tenir la tête et le cou droits, et "suspendre la tête par son sommet". Celui qui peut maintenir l'énergie au sinciput commence à être capable d'exécuter les mouvements correctement ; son énergie spirituelle est alors reliée au sommet de la tête. II convient de ne pas employer la force musculaire qui raidirait le cou, gênant la circulation du sang et du souffle. Pour vider la nuque, il faut chasser toute pensée ordinaire, de sorte que le souffle pur monte et le souffle impur descende. Si l'on peut vider la nuque et maintenir l'énergie au sinciput, la force vitale se met en branle d'elle-même ; léger et agile, le corps entier est bien centré, sans pencher d'un côté ni de l'autre, et les jambes sont dans la position du cavalier en selle d'une grande stabilité.



2) Rentrer légèrement la poitrine et étirer le dos :

Pour rentrer légèrement la poitrine, il faut la retenir vers l'intérieur, tout en la gardant relâchée. La poitrine est plus ou moins rentrée selon les mouvements. Une fois la poitrine rentrée, les épaules peuvent être solidement accrochées et les bras allongés Si l'on bombe la poitrine, le souffle est comprimé à ce niveau et ne peut circuler dans les bras ; la partie supérieure du corps est lourde, la partie inférieure légère et les pieds ne tiennent pas fermement au sol. Pour rentrer la poitrine, il faut étirer le dos, c'est-à-dire relâcher la colonne vertébrale, comme si elle était tirée par le haut. Dans le même temps, il faut relâcher les épaules et laisser tomber les coudes le long du corps, sinon les poumons sont comprimés et le processus physiologique gêné. De même, il faut veiller à ce que le souffle adhère au dos, pénètre dans la colonne vertébrale et s'y accumule ; il faut rentrer légèrement la poitrine et étirer le dos pour se ramasser avant l'émission (de l'énergie) L'énergie décochée part de la colonne vertébrale, il ne s'agit pas uniquement de la force musculaire des bras.



3) Relâcher les épaules et laisser tomber les coudes :

Dans la pratique du Taiji quan, il convient d'employer la pensée créatrice et non la force musculaire. Les épaules doivent être relâchées et les coudes tomber le long du corps. Ainsi, les épaules peuvent être solidement accrochées et les bras être étirés S'il y a le même écart entre les deux épaules et les deux coudes, l'énergie commence à pouvoir circuler jusque dans les mains et être émise. Sinon, les coudes sont à l'horizontale, les épaules haussées ; il en résulte que les bras ne sont pas maîtres de la force musculaire et n'ont absolument pas de légèreté, d'agilité, de rondeur et de vivacité ; il ne saurait à plus forte raison être question d'émettre l'énergie.



4) Relâcher la taille :

La taille est le maître de tout le corps. Les pieds n'ont de la force et le bassin de l'assise que si l'on est capable de relâcher la taille. Les passages du "plein" au "vide" s'effectuent à partir de mouvements tournants de la taille. C'est pourquoi l'on dit : "La source du commandement est à la taille". Le manque de force provient de la taille et des jambes.



5) Employer la pensée créatrice et non la force musculaire :

Il est dit dans le Traité sur le Taiji quan : "Tout réside dans l'emploi de la pensée au lieu de la force"'. Pendant la pratique du Taiji quan, tout le corps est détendu, de sorte que pas la moindre énergie grossière ne subsiste et ne stagne entre les os, les muscles ou les veines, vous ligotant ainsi vous-même. C'est alors seulement que l'on peut effectuer les passages d'un mouvement à l'autre avec légèreté et facilité, et exécuter les mouvements tournants avec naturel. Certains doutent qu'il soit possible d'avoir une force durable sans l'emploi de la force musculaire, mais le corps humain possède des canaux de circulation du souffle, de même que la terre a ses rigoles. Si les rigoles ne sont pas obstruées, l'eau coule ; si les veines ne sont pas bouchées, le souffle circule. Lorsqu'une énergie raide emplit ces canaux, le sang et le souffle sont gênés, les mouvements tournants manquent d'agilité et il suffit de tirer un cheveu pour que tout le corps suive. Si au lieu de la force musculaire on emploie la pensée créatrice, là où la pensée parvient, le souffle parvient. De la sorte, le sang et le souffle circulent continuellement dans le corps sans s'arrêter un seul instant. Grâce à un long entraînement, l'on acquiert la véritable énergie intérieure, et comme il est dit dans le Traité sur le Taiji quan : "La souplesse et la flexibilité extrêmes produisent la résistance et la rigidité extrêmes ." Ceux qui sont familiarisés avec la technique du Taiji quan et la maîtrisent ont les bras semblables à du fer entouré de coton, la force y est enfouie profondément, tandis que les disciples de l'école exotérique manifestent la force musculaire dans l'action et semblent flotter dans l'inaction. Cela prouve que leur force musculaire n'est qu'une énergie superficielle. Quand on emploie la force musculaire à la place de la pensée créatrice, l'adversaire peut très facilement vous inciter à vous mouvoir, cela ne mérite pas notre estime.



6) Relier le haut et le bas :

Relier le haut et le bas c'est se conformer à ce principe énoncé dans le Traité sur le Taiji quan : "L'énergie prend racine dans les pieds, se développe dans les jambes, est commandée par la taille et se manifeste dans les doigts. Des pieds, aux jambes, à la taille, il faut une unité parfaite." Tout mouvement des mains va avec un mouvement de la taille ; quand les pieds se meuvent, l'énergie spirituelle des yeux (le regard) se meut en même temps et les suit ; dans ce cas, l'on peut dire que le haut et le bas sont reliés ; mais si une seule partie du corps ne se meut pas avec le reste, il y a désordre et dislocation.



7) Unir l'intérieur et l'extérieur :

Le travail du Taiji quan est un travail de l'énergie spirituelle. C'est pourquoi l'on dit : "L'énergie spirituelle est le maître, le corps le valet." Si l'on peut mettre en branle la force vitale, les mouvements sont spontanés, légers et agiles. L'enchaînement des mouvements suit les principes (d'alternance) de "plein" et de "vide", d'ouverture et de fermeture. Quand on parle d'ouverture il ne s'agit pas uniquement d'ouverture des pieds et des mains, mais aussi de l'ouverture de la pensée et de l'esprit. De même, la fermeture n'est pas seulement une fermeture des pieds et des mains, mais aussi de la pensée et de l'esprit. Si l'intérieur et l'extérieur peuvent être unis en un seul souffle, tout est parfait.



8) Lier les mouvements sans interruption :

Dans les arts de combat de l'école exotérique l'énergie employée est l'énergie grossière du "ciel postérieur". Il y a donc des départs, des arrêts, des enchaînements, des interruptions. C'est au moment précis où l'ancienne force arrive à sa fin et où la nouvelle n'est pas encore née que l'on peut le plus aisément être vaincu. Comme, dans le Taiji quan l'on utilise la pensée et non la force musculaire, tout est lié sans interruption du début à la fin ; quand une révolution est terminée, une autre commence, le mouvement circulaire se déroule à l'infini. II est dit dans le Traité originel : "La longue boxe est semblable aux flots d'un long fleuve ou de la mer, qui se meuvent continuellement et sans fin." Ou encore : "Faites se mouvoir l'énergie comme un fil de soie que l'on dévide d'un cocon." Toutes ces comparaisons suggèrent que tout est relié par un seul souffle.



9) Rechercher le calme au sein du mouvement :

Dans les arts martiaux de l'école exotérique, la capacité de sauter est considérée comme très importante, et l'on y utilise jusqu'à épuisement la force musculaire et le souffle. C'est pourquoi, après s'être exercé, le boxeur est toujours haletant. Dans le Taiji quan, on dirige le mouvement par le calme ; bien que mouvant, l'exécutant reste calme ; c'est pourquoi il est préférable d'exécuter l'enchaînement des mouvements le plus lentement possible. Grâce à ta lenteur, la respiration devient longue et profonde, le souffle est concentré dans le champ de cinabre, et le pratiquant n'a naturellement pas les artères battantes. Les adeptes doivent s'appliquer à comprendre cela, mais peu y arrivent.




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