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L'enseignement des CONTES et POESIES
par Au Fil Du Temps
Aquarelles de Marif Bachasson







Dans les civilisations anciennes, dont il existe encore des témoignages bien vivants en Orient, les Arts traditionnels débouchent sur une Voie qui permet à l'homme, au prix d'un apprentissage long, d'approfondir son expérience de la Réalité et de lui-même.


Peu à peu, l'apprenti découvre les lois qui régissent les forces subtiles dont la vie est tissée, et, il apprend que la qualité de ses œuvres dépend de ce qu'il peut maîtriser lui-même, de ce qu'il est. Son travail extérieur devient le support d'une métamorphose intérieure.


Ceci est à l'origine d'une confusion qui nous fait croire que le " Kung-Fu " est la " boxe chinoise ". Pour désigner leur Art de combat à main nue les Chinois disent Chuan-Shu, " l'Art du poing ". Kung-Fu exprime quant à lui l'effort conscient, l'entraînement persévérant en vue de réaliser une œuvre d'Art ou de parvenir à la maîtrise de soi. La confusion provient donc des rapports étroits qui existent en Chine entre les Arts Martiaux et l'accomplissement de l'être humain.


Mais loin d'être utilisé exclusivement pour les Arts de combat, le terme Kung-Fu sert à exprimer le niveau d'un homme dans n'importe quel domaine. Pour dire qu'un calligraphe exécute un travail de qualité, les Chinois disent que son " Kung-Fu " est très avancé.







Les contes et récits présentés, chinois et japonais, mettent en exergue des événements et des récits qui sont parfois authentiques, et qui, d'une manière détournée, agréable et intelligente, par le conte ou la poésie, enseignent la sagesse.


Ces textes possèdent un enseignement constant : nous voyons aux prises l'esprit rationnel, le désir d'efficacité tout à coup pris à son propre piège. Sous-jacente à la réalité, une autre réalité apparaît, une efficacité presque absolue se manifeste, et celui qui croyait agir ou frapper est subtilement vaincu ou atteint dans ses profondeurs. Quel est l'enjeu de ce combat intérieur ? Pour les Maîtres, les véritables obstacles qui empêchent la personne de progresser sont ceux qui sont dressés par sa personnalité artificielle.


L'homme ordinaire, étouffé dans un carcan d'habitudes physiques et mentales, sa vision du monde déformée par un écran d'illusions, est un infirme coupé de son être profond dont les possibilités sont inexploitées. Le travail à accomplir consiste donc à faire sauter les blocages, physiques et psychologiques, pour que les forces latentes de l'homme puissent s'épanouir librement.


Les Maîtres de Tai Chi Chuan affirment que le corps humain est semblable à la terre : il possède des " rivières souterraines " ; et " si ces rivières ne sont pas obstruées, l'écoulement de l'énergie se fait naturellement ". Cette sagesse du corps semble oubliée par un trop grand nombre d'experts contemporains qui confondent " maîtrise du corps " avec musculation, durcissement, résistance et condition physique " à tout casser ".


" Ce que vous aurez appris en écoutant les paroles des autres, vous l'oublierez bien vite. Ce que vous aurez compris avec la totalité de votre corps, vous vous en souviendrez toute votre vie. " Funakoshi Gishin







Le savant dresseur


Un jour un certain Lu, se présenta à Mu, le duc
Et lui dit : " En chevaux, je connais tous les trucs :
Je connais l'élevage,
les secrets du dressage.
Les foins et les herbages,
Choisir le pâturage,
leur éviter l'ombrage.
Les soins et le pansage
Suivi d'un doux massage
et d'un léger lavage
ainsi que leur breuvage.
Je mène un équipage,
Conduis au labourage,
Je sais tous leurs usages
et parle leur langage.


Le duc Mu débordé, surpris et confiant,
le nomma ministre es-chevaux sur-le-champ.
Alors il commença son parfait exercice
conforme à ses desseins, annoncés sans malice.
Il les tondit à ras, puis ferra leurs sabots,
leur mit un dur licol, la selle sur le dos
et pour les distinguer les marqua au fer rouge,
enfin les attacha de peur qu'aucun ne bouge.


Après une semaine, il eut un résultat :
la moitié étaient morts et l'autre en triste état.
Tout autre eût ressenti au moins quelque surprise;
il n'en fut rien pour lui, ce fut chose remise.
Il entraîna le reste à courir, à sauter,
les nourrissant très peu pour être plus légers,
les frottant, les massant, comme cuir au tannage :
C'était un courageux, toujours prompt à l'ouvrage.


Encore une semaine
observant l'hygiène
et servi par la veine
on vit ce phénomène.
Tous les chevaux crevés,
Sauf un qui se démène,
espérant échapper
au chef qui le malmène.


Expert en race chevaline, le vieux Po Lo vint à passer
Le relâche et lui dit : vas-t'en Baudet.
Le secret des chevaux c'est d'être à la verdure
de courir à leur gré c'est la loi de nature
Leur pelage est à point pour les tenir au chaud
Il est ainsi parfait, vois-tu ce qu'il en chaut *
de vouloir innover quand on est né un sot
Le secret des secrets, c'est de suivre Tao.


*coûte





Les portes de l'Ego


Un samouraï se présenta devant le Maître et lui demanda :
" Y a-t-il réellement un paradis et un enfer ? "
- " Qui es-tu ? " demanda le Maître.
- " Je suis un samouraï... "


- " Toi, un guerrier !. Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t'avoir à son service ? Tu as l'air d'un mendiant. "
La colère s'empara du samouraï.
Il saisit son sabre et le dégaina.


Le Maître poursuivit :
- " Ah bon, tu as même un sabre ? ! Mais tu es sûrement trop maladroit pour me couper la tête. "


Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le Maître.
A ce moment celui-ci dit : - " Ici s'ouvrent les portes de l'enfer. "


Surpris par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaine lentement son sabre et s'incline.
- " Ici s'ouvrent les portes du paradis ", lui dit alors le Maître.





Connaître


II y avait autrefois dans l'Etat de Tchine
un expert infaillible en race chevaline.
Son nom était Pô Lo. Sa réputation
avait atteint le duc Mu dont la passion
Etait de posséder les chevaux les plus rares :
Les juments de Gobi, les étalons tatares,
Volant comme le vent, légers comme l'esprit,
aussi blancs que la lune ou noirs comme la nuit.


Un jour il désira avoir le Seul, l'Unique.
Il fit mander Po-Lo et lui dit sans réplique :
Tu vas chercher pour moi, le cheval Supérieur,
parfait sur tous les points, un coursier d'Empereur.


Le vieux Pô s'inclina, présenta comme excuse
de se sentir trop las pour remplir avec ruse
un choix si délicat, il dit que son aîné
avait reçu de lui, ce don qui est inné
et que mieux que lui-même au milieu des prairies
il saurait découvrir les bêtes aguerries.


Après ce premier choix il saurait discerner
la beauté la plus pure aux rares qualités,
qui court sur les chemins, sans lever la poussière
et dont les traces sont de l'eau sur la rivière.
Le duc Mu envoya le fils vers son destin.
Enfin, trois mois plus tard, nonchalant il revint.


Il déclara sans plus qu'il arrivait la veille,
afin de préparer le box pour la merveille.
Le duc le questionna, sur l'aspect, la couleur :
" C'est une jument grise, à l'aspect le meilleur. "
II n'en dit pas plus long, car il était très calme
et ne se livrait pas, avant d'avoir la palme.


Le cheval arriva, c'était un étalon
aussi noir que l'enfer et vif comme un frelon.
Le duc Mu fut en rage et fit venir le père
pour lui manifester son dépit, sa colère.
" Comment! ce fin arbitre était un troublion,
incapable de faire une distinction.
Il se trompait sur tout, c'était élémentaire
puisqu'il s'était montré ignorant exemplaire
d'une chose visible autant que la couleur,
ni distingué le sexe, ainsi fait le hâbleur. "


Po-Lo parut ravi et son plus beau sourire
répondit aux fureurs qui agitaient son sire :
" Mon fils est bien plus fort que je ne supposais,
Il vaut mille fois plus que je ne l'espérais.
Il n'y a entre nous pas de ligne possible,
Ce qu'il a regardé c'est le signe invisible,
Le sexe et la couleur, il ne les a pas vus.
Mais je suis sûr que c'est le cheval absolu. "
Le duc était sans voix, il ordonna l'épreuve
et comme avait dit Pô, il en reçut la preuve :


Celui qui voit les traits, ne connaît que l'aspect,
Celui qui sait voir l'âme, atteint le Pur Sujet.





Les Ames


Un groupe d'aborigènes s'avançait un jour dans un paysage aride en compagnie d'un ethnologue. Celui-ci, qui notait soigneusement tous leurs faits et gestes, remarqua que de temps en temps le groupe, composé d'hommes et de femmes, s'arrêtait un moment plus ou moins long. Ils ne s'arrêtaient ni pour manger, ni pour regarder quelque chose, ni pour s'asseoir ou se reposer. Simplement ils s'arrêtaient.


L'ethnologue, après deux ou trois arrêts, leur en demanda les raisons. " C'est très simple, répondirent-ils, nous attendons nos âmes ".


L'ethnologue demanda quelques explications supplémentaires. Il comprit ainsi que, de temps à autre, les âmes s'arrêtaient en chemin pour regarder, ou sentir, ou écouter quelque chose qui échappait aux corps. " Elles se nourrissent de la beauté du monde, du chant d'un oiseau, de quelques notes de musique, d'un rayon de soleil sur la neige. Nos âmes ont des besoins invisibles pour les yeux du corps ".


C'est pourquoi, alors que les corps continuaient à marcher, les âmes s'arrêtaient quelquefois pendant une heure. Il fallait les attendre.







A la source


Voguant sur la rivière Yeh / de Meng Hao-Jan (8ème siècle)

Le soleil déclinant envoie un reste de sa clarté.
La rame de la barque frôle les flots de la rivière.
Quelle merveille toutes choses portées par l'eau claire
Et c'est pur délice d'évoluer au milieu d'elles...

Portant cheveux blancs, le vieux pêcheur à la ligne ;
En habit neuf, la jeune lavandière sur la rive.
Leurs regards se croisent - il leur semble se connaître -
Dans le silence pudique, que de paroles échangées !



Mon refuge au pied du mont Chung Nan / de Wang Wei (8ème siècle)

Au milieu de l'âge, épris de la Voie.
Sous le Chung-nan, j'ai choisi mon logis.
Quand le désir me prend, seul je m'y rends :
Seul aussi à jouir d'ineffables vues...

Marcher jusqu'au lieu où tarit la source,
Et attendre, assis, que se lèvent les nuages.
Parfois, errant, je rencontre un ermite :
On parle, on rit, sans souci du retour.



A un ami qui m'interroge / de Li Po (8ème siècle)

Pourquoi vivre au cœur de ces vertes montagnes ?
Je souris, sans répondre ; l'esprit tout serein.
Tombent les fleurs, coule l'eau, mystérieuse voie...
L'autre monde est là, non celui des humains.





L'essentiel du secret


Shoken, un expert dans l'art du sabre, était importuné depuis quelques jours par un rat qui s'était installé chez lui. Les meilleurs chats des alentours avaient été invités dans la maison, transformée en arène, pour l'occasion. A la surprise générale cela se terminait toujours par le même scénario : le chasseur, terrifié par les attaques du rat, finissait par prendre la fuite en miaulant.


L'expert, désespéré, décida de tuer lui-même la terrible bête. Armé de son sabre, Shoken passa à l'attaque. Mais le rat, vif comme l'éclair, esquivait tous les coups. Shoken s'acharna. Le rat restait intouchable. En sueur, et à bout de souffle, l'expert finit par renoncer. Allait-il devoir abandonner une partie de sa maison à ce maudit rat? Cette perspective le rendait de plus en plus ténébreux.


Or, un jour, il entendit parler d'un chat qui avait la réputation d'être le plus grand chasseur de rats de la province... Quand Shoken vit le fameux chat tout ce qui lui restait d'espoir l'abandonna car l'animal, qui n'était plus tout jeune, ne payait vraiment pas de mine. N'ayant plus rien à perdre, il le laissa pénétrer dans la pièce où sévissait le rat. Le chat entra tout doucement, d'un pas tranquille, comme si de rien n'était. Quand le rat l'aperçut, il resta pétrifié sur place, visiblement terrorisé. Le chat s'approcha calmement de lui, l'attrapa sans effort et sortit de la pièce en le tenant dans sa gueule.


Le soir, tous les chats qui avaient participé à la chasse au rat se réunirent dans la maison de Shoken. Le grand Chat, héros du jour, fut respectueusement invité à la place d'honneur. L'un des chats prit la parole : " Nous sommes considérés comme les chats les plus expérimentés du village. Mais aucun d'entre nous n'a réussi à faire ce dont vous avez été capable avec ce terrible rat. Votre maîtrise est vraiment extraordinaire. Nous brûlons tous d'impatience de connaître votre secret. " Le vénérable Chat répondit : " Avant de tenter de vous indiquer les principes du Grand Art, la direction de la Voie, j'aimerais entendre ce que vous-mêmes avez compris et comment vous vous êtes entraînés. "


Le chat noir se leva et dit : " Né dans une célèbre famille de chasseurs de rats, j'ai été entraîné depuis mon enfance à cet art. Je suis capable de faire des bonds de deux mètres, de me faufiler dans un trou à rat, bref, je suis devenu expert en toutes sortes d'acrobaties. D'autre part, je connais un grand nombre de ruses et j'ai plus d'un tour dans mon sac. J'ai honte d'avoir eu à battre en retraite devant ce vieux rat. " Le grand Chat expliqua : " Vous n'avez appris que la technique. Vous êtes seulement préoccupé de savoir comment combiner votre attaque. Les anciens Maîtres ont en fait inventé la technique à seul fin de nous initier à la méthode la plus appropriée pour exécuter le travail. La méthode est naturellement simple et efficace. Elle contient tous les aspects essentiels de l'Art. L'efficacité technique n'est pas le but de l'Art. Elle n'est qu'un moyen qui doit rester en accord avec la Voie. Si la Voie est négligée, et si l'efficacité prime, l'Art du Combat ne tarde pas à dégénérer et à être utilisé n'importe comment. N'oubliez jamais cela. "







Le chat tigré s'avança pour donner son avis : " Selon moi, le plus important dans l'Art du Combat, c'est le ki, l'énergie, l'esprit. Je me suis longtemps entraîné à le développer. Je possède maintenant l'esprit le plus puissant, celui qui remplit le Ciel et la Terre. Dès que je fais face à un adversaire, mon ki s'impose à lui et ma victoire est assurée avant que le combat commence. Même quand un rat court sur une poutre, je peux le capturer : il me suffit de diriger mon ki sur lui pour le faire tomber. Mais avec ce mystérieux rat, rien à faire... Cela me dépasse. " Le vénérable Chat répliqua : " Vous êtes capable d'utiliser une grande partie de vos pouvoirs psychiques, mais le simple fait d'en avoir conscience travaille contre vous. Opposer votre puissant psychisme à l'adversaire n'est pas une solution car vous risquez de rencontrer plus fort que vous. Vous dites que votre esprit, remplit le Ciel et la Terre, mais vous vous trompez. Ce n'est pas l'esprit lui-même, ce n'est que son ombre. Il ne faut pas confondre le psychisme et l'esprit. Le véritable esprit est un flot d'énergie inépuisable qui coule comme un fleuve alors que la force du vôtre dépend de certaines conditions à la manière des torrents qui ne vivent que le temps d'un orage. Cette différence d'origine implique une différence de résultats Un rat traqué se montre souvent plus combatif qu'un chat qui l'attaque. Il est aux aguets et tout son être incarne l'esprit de combat. Presque aucun chat n'a de chance de briser sa résistance. "


Le chat gris prit la parole à son tour " Comme vous venez de le dire, un esprit est toujours accompagné par son ombre et, quelle que soit sa force, l'ennemi peut profiter de cette ombre. Je me suis longtemps entraîné en ce sens : ne pas résister à l'adversaire mais, au contraire, chercher à utiliser sa force pour la retourner contre lui. Grâce à ma fluidité, même les rats les plus puissants ne parviennent pas à m'atteindre. Mais cet étonnant rat ne s'est pas laissé prendre au piège de mon attitude de non-résistance. " Le vieux Chat répondit : " Ce que vous appelez l'attitude de non-résistance n'est pas en harmonie avec la Nature : il s'agit d'un truc fabriqué dans votre mental. La non-résistance artificielle nécessite une volonté psychique qui interfère avec la qualité de vos perceptions et qui bloque la spontanéité de vos mouvements. Pour laisser la Nature se manifester à fond, il est nécessaire de vous débarrasser de toute contrainte mentale. Quand la Nature suit son propre chemin et agit à sa guise en vous, il n'y a plus aucune ombre, aucun flottement, aucune faille dont puisse profiter l'adversaire...


" Bien que n'étant qu'un simple chat qui ne connaît pas grand-chose des affaires humaines, permettez-moi d'évoquer l'Art du sabre pour exprimer quelque chose de plus profond. L'Art du sabre ne consiste pas seulement à vaincre l'adversaire. C'est avant tout l'Art d'être conscient, au moment critique, de la cause de la vie et de la mort. Un samouraï doit s'en souvenir et s'exercer à un entraînement spirituel aussi bien qu'à la technique du combat. Il doit donc essayer de pénétrer la cause de la vie et de la mort. Quand il a atteint ce niveau d'être, il est libre de toute pensée égoïste, il ne nourrit aucune émotion négative, il ne calcule ni ne délibère. Son esprit est alors non résistant et en harmonie avec ce qui l'entoure. " Quand vous êtes parvenu à l'état de non-désir, l'esprit, qui est par nature sans forme, ne contient aucun objet. Le Ki, l'énergie spirituelle, se répand alors sans blocage, d'une manière équilibrée. Si, par contre, un objet l'attire, l'énergie bascule et s'écoule dans une seule direction tandis qu'il y a manque dans une autre. Là où il y en a trop, cela déborde et ne peut être contrôlé. Là où il y a un manque, ce n'est pas suffisamment nourri et cela se ratatine. Dans les deux cas, vous vous trouvez dans l'impossibilité de faire face aux situations qui sont en perpétuel changement. Mais là où prévaut le " non-désir ", l'esprit n'est pas pompé dans une seule direction, il transcende à la fois le sujet et l'objet. "


Shoken posa alors cette question : " Que doit-on entendre par " transcender le sujet et l'objet "? Le vénérable Chat déclara: " Parce qu'il y a un moi, il y a aussi un ennemi. Quand il n'y a pas de moi, il n'y a plus d'ennemi. Si vous collez un mot sur les choses, si vous les enfermez dans une forme fixe et artificielle, elles paraissent exister en opposition. Le mâle s'oppose à la femelle, le feu à l'eau. Mais quand il n'y a aucun jugement qui se manifeste dans votre mental, aucun conflit d'opposition ne peut y prendre place. Il n'y a plus alors ni moi ennemi. Quand le mental est dépassé, vous goûtez un état d'absolu " non-faire ", vous êtes en sereine harmonie avec l'univers, vous êtes un avec lui Vous ne faites plus aucun choix entre vrai ou faux, plaisant ou déplaisant. Vous êtes libre du monde dualiste fabriqué dans votre mental. Mais quand un tout petit grain de poussière entre dans l'œil, nous ne pouvons plus le garder ouvert. L'esprit est semblable à l'œil des qu'un objet y pénètre, son pouvoir est perdu.


Voilà tout ce que je peux vous expliquer ici. C'est à vous d'en expérimenter la vérité La vraie compréhension se trouve en dehors de tout enseignement écrit. Une transmission spéciale d'homme à homme est nécessaire mais de toute façon la vérité ne s'atteint que par soi-même. Enseigner n'est pas très difficile, écouter non plus, mais il est vraiment difficile de devenir conscient de ce qui est en vous. Le " satori ",l'éveil, la réalisation de soi, qui ne sont ni plus ni moins que des synonymes, ne sont rien d'autres que le fait de voir au-dedans de son être ".






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