Aller en bas de page Sommaire Accueil


D' Encres et de Chine
Philosophies et Peintures
Synthèse Au Fil Du Temps

Exposition Maison des Arts d'Antony 2004/05
Illustrations de Zaroubia et Geneviève Breuil



LE CONFUCIANISME


Rejetant toute spéculation sur l'Univers, la pensée confucéenne s'intéresse essentiellement au destin humain et à la nature innée de l'homme. Cette doctrine - symbole de l'humanisme traditionnel de l'ancienne Chine - instaure une conduite de vie fondée sur le devoir et les obligations morales aussi bien dans les rapports avec autrui que dans la recherche de l'harmonie personnelle. L'esprit, la profondeur de la pensée, le mérite personnel restent le fondement du Bien suprême et peuvent être acquis par l'étude. La recherche de l'équilibre dans la mesure se réalise dans le respect des rites, de l'honneur et du devoir social. L'homme aspire ainsi à la perfection non pour son propre salut mais pour le maintien et l'épanouissement de sa famille et de l'État.

Pour les Confucéens, la peinture est un moyen privilégié susceptible de transmettre l'idée de l'ordre, d'harmonie entre l'homme et l'univers, de conserver l'enseignement des Sages. Aussi la vision symbolique et spirituelle occupe-t-elle une place primordiale dans la peinture traditionnelle chinoise. Ainsi, bambou, prunier, collines et ronces représentent différents types de caractères humains, pin et cyprès désignent la noblesse... Le sommet central dans une composition peut être interprété comme l'image du souverain formant le pivot central de la société. De même, l'appréciation d'une œuvre se mesure d'après les qualités morales et le degré de perfection spirituelle de son auteur.

Fondateur : Confucius (551-479 avant J.C.), philosophe et homme d'État.





LE TAOISME


Ce système philosophique, apparu vers Vlème avant J.C. propose une vision cosmogonique de l'origine des êtres et plaide en faveur de la liberté sans contrainte comme puissance de la Sagesse. D'après la pensée taoïste, l'Univers, représentation concrète du Tao (la Voie) procède du Souffle primordial. L'homme, créature du Tao, est un être fait de souffles et d'esprits. De ce fait, le retour à la nature originelle -élément central de la pensée taoïste- permet de percevoir le déroulement du processus créateur. Pour atteindre cet idéal, le sage doit cultiver le non-agir et le Vide, état suprême vers lequel il doit parvenir. Par la méditation solitaire qui est l'unique voie du savoir et du pouvoir, par la contemplation qui ouvre l'esprit à l'illumination.

L'objet que se donne le peintre chinois est de rendre visible ce Souffle-Esprit unique à travers les nuances de l'encre et le trait tracé. Chaque signe étant l'expression d'un rapport entre l'homme et l'univers, il lui importe de laisser mûrir en lui la vision des choses afin que l'œuvre soit toujours animée par son propre " souffle de vie ". Ainsi, l'artiste parvient à un accord parfait entre la main et l'esprit, état de grâce qui dépasse le raisonnement. Le Taoïsme a joué un rôle primordial dans l'épanouissement de la culture chinoise et reste omniprésent dans l'expression artistique.

Fondateurs du Taoïsme philosophique : Lao Tseu (570-490 avant J.C.) a renouvelé la pensée taoïste en mettant l'accent sur la notion du Vide et de la Plénitude, et Tchang Tseu (350-275 avant J.C.) l'a enrichie en cultivant l'amour de la Nature et la liberté d'esprit.





LE BOUDDHISME


L'élément central de la philosophie est la suppression de la douleur universelle par l'anéantissement complet du désir qui mène au Nirvana comme la fin des réincarnations. La voie du Salut se trouve dans la méditation pure, par un long apprentissage du perfectionnement intérieur qui peut s'étendre sur plusieurs vies. Introduit en Chine à partir du IIIème siècle, par le missionnaire indien Boddhidarma, l'adoption du Bouddhisme est facilitée par des similitudes avec le Taoïsme notamment entre l'Éveil (Bodhi) et le Tao, le Nirvana (l'Extinction) et le Non-agir.

Fusion du Taoïsme et du Bouddhisme primitif, et à l'origine du Zen japonais, est apparu au début du Vlème après J.C., le Bouddhisme Chan qui prône le dépouillement des rites, la concentration de l'esprit et la méditation pour parvenir immédiatement à la Vérité et à l'illumination individuelle.

La peinture Chan constitue la tendance la plus originale de la peinture traditionnelle chinoise. Elle propose la présence du Vide comme espace ouvert à la méditation, l'absence de toute matière comme recherche de pureté et de simplicité, l'exploitation de l'Inconscient comme traduction d'une vision intuitive. L'exaltation d'une création dépouillée et spontanée, servie par la rapidité d'un geste expressif, l'émergence des nouveaux styles picturaux -travail rêche du pinceau, usage audacieux de l'encre éclaboussée et de l'encre brisée " po m'o ", le lavis monochrome suggestif (laissant une part belle à l'improvisation et au hasard)- s'accordent aux principes de la pensée Chan.

Mouvement réformateur fondé par le prince indien Gautama Çâkyamuni (560-480 avant J.C.) contre la prédominance brahmanique.





LE VIDE


Le Vide, ensemble mathématique dépourvu d'élément, est dans la pensée esthétique chinoise, un facteur positif indispensable à la vue et à l'intellect. Ligne, forme, couleur, lumière s'organisent, se transforment avec harmonie dans cet espace dynamique et fonctionnel. " Tout l'art de l'exécution est dans les notations fragmentaires et les interruptions... Le coup de pinceau s'interrompt pour mieux se charger de sous-entendus " (Ll Jih Hua). Ainsi, dans un paysage peint, l'espace vierge nommé " repos " ou " calme " contribue à évoquer le ciel, l'eau ou la terre. Il privilégie l'unité spatiale et suggère, à l'inverse de la perspective occidentale et son point de fuite, le " proche-lointain " et le " lointain-infini ". Il impose une respiration mais incite le regard du spectateur à se déplacer à loisir dans cette nature immense. Car " plus qu'un objet à contempler, une peinture est à vivre " (F. Cheng).

Élément positif, l'espace non-peint communique à l'œuvre une immense tension et exerce un contre-équilibre sur les formes et les masses. L'alternance savamment dosée du plein et du vide amène une musique visuelle et introduit la plénitude. Enfin, il intervient dans l'aspect sensible et varié du trait, assure une vibration dynamique à la densité de l'encre et ses infinies nuances. Le Vide comme espace de création. Il est, pour cette raison, le fondement de l'expression artistique chinoise.




retour en haut de page Sommaire Accueil