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Les festivités du nouvel an Chinois
Synthèse AFDT




Les fêtes traditionnelles chinoises sont riches et remontent loin dans l'histoire; elles font partie de la culture de la nation chinoise. La plupart des fêtes prirent forme embryonnaire sous la dynastie des Qin (221-206 av. J.-C.) qui fut la première dynastie unifiée au pouvoir centralisé de la Chine. Vers la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220), première période du grand développement du pays après son unification, les principales fêtes traditionnelles furent définitivement formées. Sous la dynastie des Tang (618-907), une des plus prospères périodes de l'histoire chinoise, les fêtes passèrent progressivement du culte primitif et du tabou mystérieux à la cérémonie de célébration et aux divertissements. Les activités de fête devinrent allègres, plus riches et variées. Avec le temps, certaines fêtes et leurs coutumes ont perduré, mais certaines ont disparu.




Le calendrier chinois

De part le monde, on trouve plusieurs systèmes de calendrier dont les plus représentatifs sont celui de l'Occident (d'après Jules César), celui des Musulmans et celui des Chinois. Le calendrier occidental est conformé au soleil, et précisément à la terre qui tourne autour du soleil en 365,2422 jours. Il y a 365 jours par an, et Jules César a décrété arbitrairement qu'un an sur quatre dure 366 jours. Il y a douze mois qui ont de 28 à 31 jours. Le mois ignore l'existence des phases de la lune. Le calendrier musulman s'accorde avec la lune, qui tourne autour de la terre en 29 jours et demi. Il y a 6 mois de 29 jours et 6 mois de 30 jours, soit 354 jours par an. L'année est plus courte que la nôtre. Le calendrier chinois est plus compliqué car il s'harmonise à la fois avec la lune et avec le soleil.

Le calendrier chinois comme celui de nombreuses autres civilisations est à l'origine un calendrier lunaire. C'est-à-dire qu'il tient compte de la marche des deux grands régulateurs de la nature, le soleil et la lune ; et se base sur des règles essentiellement astronomiques : les lunaisons. Chaque mois d'une année lunaire, longue de douze mois, débute par une nouvelle lune et dure vingt-neuf à trente jours. Les mois n'ont pas d'appellation particulière, ils sont désignés numériquement, en fonction de leur ordre d'apparition dans le temps. Certains mois toutefois, selon qu'ils comportent vingt-neuf ou trente jours, sont appelés " petit mois " ou " long mois ". L'ensemble des douze lunaisons totalise un nombre de trois cent cinquante quatre jours, auxquels il manque onze jours pour coïncider avec l'année solaire.

La solution chinoise fut d'intercaler un mois supplémentaire tous les deux à trois ans, qui serait annoncé par l'almanach. Ce mois supplémentaire n'est pas inséré à la fin de l'année lunaire, c'est-à-dire qu'il ne constitue aucunement un treizième mois à proprement nommé. Il est intercalé entre deux autres mois, de sorte qu'il y ait deux sixième mois, ou deux troisièmes mois etc. De cette façon le solstice d'hiver tombe toujours dans le onzième mois, l'équinoxe de printemps dans le second, le solstice d'été dans le cinquième et l'équinoxe d'automne dans le huitième. Pour des considérations astrologiques, le système d'intercalation ne peut s'appliquer entre le douzième et le premier mois, ni dans une période durant laquelle le soleil passe d'un signe du zodiaque à un autre. Il en résulte un calendrier lunaire dont le premier jour de l'année fluctue d'une année à l'autre.


Fixation des dates

Avant la réforme du calendrier en 104 avant notre ère, certaines dynasties établissaient elles-mêmes le jour du nouvel An car la détermination du calendrier a toujours été une prérogative royale, jalousement gardée, qui supposait parfois des implications politiques. Sous les Zhou (1122 av. JC-256 ap. JC) il tombait au onzième mois cependant que d'autres états vassaux, utilisateurs de calendriers différents, l'avaient fixé à une toute autre date. Dès lors au moment de la réforme du calendrier, on établit que l'année commencerait à la première lune qui suivrait la sortie du soleil du dernier des trois signes hivernaux, le capricorne. Le jour de l'An tombe ainsi toujours entre le vingt et un janvier et le douze février (d'après le calendrier solaire).

Depuis cette première réforme, il y eut très peu de changements dans le calendrier, jusqu'à ce que la République de Chine ait définitivement adopté en 1912 le calendrier Grégorien. Dans le même temps, il fut décidé de donner au nouvel An le nom de fête du " printemps ", de manière à différencier le nouvel An occidental avec le nouvel An chinois, puisque sa date de célébration resterait celle du nouvel An lunaire, qui ouvre précisément la saison printanière.




Durée des festivités

La veille du nouvel An et les 3 jours qui suivent sont des jours fériés. Mais dans plusieurs branches d'activité, la fête dure une semaine entière. Les seuls établissements ouverts durant cette période sont les théâtres et les restaurants. La vie économique du pays reprend le 7e jour du nouvel An, et les festivités du nouvel an chinois ne prennent fin que quinze jours plus tard, au moment de la pleine lune, avec la fête des lanternes, pendant laquelle on accroche partout des lanternes multicolores


Invitation à la fête

En Chine, chaque étape ou événement important, religieux ou naturel est une invitation à la fête, et à l'instar de nombreuses civilisations, le passage d'une année à une autre n'échappe pas à la tradition. L'avènement du nouvel An est l'occasion d'une longue période de réjouissance pleine de faste, et de festivités qui apparaît comme l'une des plus importantes.

Cette fête marque la fin de l'hiver, l'achèvement des choses qui sont arrivées à leur terme, et le début du printemps, période de renaissance. Le déroulement des festivités, commandité par le calendrier lunaire, se situe dans une période charnière saisonnière. Elles débutent toujours avec la fin de l'hiver, période de mortification, ou mille choses sont à terme (l'ancien caractère chinois qui désignait l'hiver " dong " signifiait " l'achèvement, la fin ") et s'achèvent au cours du printemps, période de renaissance (l'ancienne calligraphie du mot printemps " chun " a pour sens " se tortiller, avoir hâte de passer à l'action ").




Rites et coutumes

En Chine, la célébration du nouvel An varie d'une province à l'autre. Mais certains rites et coutumes sont adoptés par tous les Chinois, qu'ils résident au Nord ou au Sud, dans le pays ou à l'étranger. Le jour de l'an, on procède dès le matin au culte des ancêtres, auxquels on exprime sa reconnaissance. Devant les planchettes de bois placées sur l'autel des ancêtres, où sont gravés les noms des défunts, on offre des gâteaux de nouvel an et toutes sortes d'aliments salés et sucrés, et l'on allume de l'encens et des bougies rouges. Les Chinois aiment coller un peu partout dans la maison des messages de bon augure écrits sur du papier rouge. Deux sentences parallèles rédigées en parfaite calligraphie ornent les 2 côtés de la porte d'entrée. La jarre de riz est souvent surmontée d'une pancarte portant les mots "Toujours pleine!".


Offrande aux génies

Des offrandes aux différents Génies font partie du rituel du Jour de l'an. On rend hommage aux ancêtres décédés et fête l'arrivée du nouveau Génie du Foyer en plaçant son image dans la cuisine. Une semaine auparavant, chaque famille chinoise procède à la cérémonie d'adieu au Génie du Foyer. Celui-ci doit en effet faire un long voyage au Ciel pour présenter son rapport annuel à l'Empereur de Jade sur les bonnes et les mauvaises actions de la famille au cours de l'année écoulée. Afin d'obtenir les faveurs du Génie, on présente devant son image placardée dans la cuisine de nombreux cadeaux alimentaires. Les Chinois ont l'habitude de lui offrir en particulier des sucreries, de préférence des produits collants, afin de l'empêcher d'ouvrir la bouche et dire du mal d'eux devant l'Empereur de Jade.


Le réveillon

Tout comme le réveillon de Noël pour les Occidentaux, le réveillon du nouvel An chinois est avant tout une fête de la réunion familiale où tout le monde se retrouve autour d'une table. Le dîner ne peut commencer que lorsque tous les membres de la famille sont présents. Des places sont réservées à ceux qui travaillent au loin et ne peuvent rentrer pour le festin familial. Le repas comporte un grand nombre de plats, et certains plats à signification symbolique figurent obligatoirement au menu : le plat appelé "légumes de la longue année" représente l'intelligence; le "poulet entier" est censé assurer la santé à tous les membres de la famille, les boulettes de poisson, les boulettes de crevettes et les boulettes de viande, représentent le succès dans les études. Le réveillon du nouvel An est à plus d'un titre un dîner absolument à part dans l'année.


L'argent de la chance

Le réveillon se termine toujours par la distribution de "l'argent de la chance". Les adultes, en particulier les parents et grands-parents, remettent aux enfants des enveloppes rouges contenant de l'argent qui est censé leur apporter la chance durant toute la nouvelle année. Autrefois l'argent du nouvel An se présentait sous la forme de cent pièces de cuivre liées ensemble, symbolisant l'espoir de vivre jusqu'à cent ans. Ensuite les familles rendent visite et échangent des vœux avec parents et amis pour la nouvelle année qui commence.




Le défilé : déesses, dieux et autres symboles

" Précédée par les gongs et tambours de Teochow, la déesse Guan Yin, portée sur un char multicolore, est accompagnée de moines bouddhistes qui bénissent la foule sur leur passage. Guan Yin, très populaire, est la forme féminine et spécifiquement chinoise d'Avalokitesvara, le bodhisattva de la compassion et de l'amour infini, qui aide tous les êtres à se libérer de leurs souffrances. Puis viennent d'autres dieux, personnages mythologiques ou historiques. Tout d'abord Caishen, le dieu de la richesse, qui occupe une place importante au panthéon des dieux familiers ; il accroît le bonheur et distribue les trésors de sa cassette qui ne s'épuise jamais, et les taoïstes lui donnent le titre de président des ministères celestes. Puis vient Bentougong, dieu du foyer qui protège la maison et ses occupants ; la danse colorée des lions, protection contre les esprits malins et symbole de prospérité pour l'année à venir ; le char de Pangu, le démiurge légendaire, Père de l'Univers qui façonna le monde en émergeant du chaos originel, représenté en sculpteur armé d'une hache, et celui de Nûwa, qui répara la voûte céleste effondrée à l'aide de pierres de cinq couleurs et fonda aussi l'espèce humaine. Sans oublier la danse mythique du dragon tant respecté des Chinois, rythmée au son des tambours et gongs, symbole de la force créatrice de la nature et du dynamisme universel ".


L'imaginaire chinois

Les douze signes de l'astrologie chinoise sont représentés dans le défilé par des échassiers virevoltant. Dans le passé, de nombreuses légendes et histoires édifiantes se sont constituées autour des douze animaux et, de nos jours, dans les affaires, au jeu ou pour un mariage, il est courant de prendre en considération les vertus augurales prêtées aux différents animaux. Contrairement aux Occidentaux, les Chinois considèrent le dragon comme un animal représentant la noblesse, la bravoure et la chance. Après plus de mille ans d'existence, la danse du dragon conserve toute sa popularité et tout son pouvoir de fascination. Elle peut s'exécuter le jour ou la nuit. Le spectacle nocturne est toujours d'une beauté saisissante. Le dragon utilisé est paré d'une grande variété de couleurs chatoyantes et comprend en général de 9 à 12 sections, chacune pouvant atteindre de un à trois mètres de longueur.

" Une nuit de Nouvel An, l'Empereur de Jade convia les animaux. Seuls douze répondirent présent. Pour les remercier, Bouddha instaura une année " symbolique " en l'honneur de chacun de ses visiteurs. Simultanément, il décréta que chaque nouveau-né hériterait désormais des caractéristiques de l'animal porté aux nues de cette année-là. "


Le défilé du 13ème arrondissement de Paris

Chaque année, en Île-de-France, l'événement le plus marquant est le gigantesque défilé organisé dans le 13ème arrondissement de Paris par près de cinquante associations regroupant des communautés d'origine chinoise résidant en France. Pendant plus de deux heures, le quartier situé entre l'avenue d'Ivry, la rue de Tolbiac et l'avenue de Choisy vibre au passage de près de deux mille participants animant un spectacle qui ravi nombre de spectateurs, asiatiques et européens, massés sur leur passage, dans une ambiance gaie et chaleureuse. Instruments traditionnels à vent et à cordes, percussions diverses, cymbales et tambours géants rythment les danses des différentes communautés ethniques présentes, et des centaines de fanions, de fleurs, de confettis et de ballons portent les messages de vœux pour cette nouvelle année chinoise, tout comme le vacarme assourdissant des pétards allumés pour éloigner les mauvais esprits qui détonnent pratiquement sans discontinuer pendant toute la journée, et de façon sporadique durant une semaine entière.


Photo de Gisèle Rouquie


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