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ASPECTS Structurels, Emotionnels et Energétiques
en pratique TAIJIQUAN & QIGONG
par Lionel Seité




La rencontre avec l'exercice, la sensibilité et la technique

La pratique, au sens noble du terme, n'est pas simplement l'apprentissage d'une forme particulière de mouvement; c'est aussi une perception sensible et ouverte. Aussi le sens de l'exercice n'est pas la réalisation rigide, automatique d'un geste ou d'une posture déjà connus, mais le développement, à travers la pratique, d'une sensibilité nouvelle en relation avec l'espace et l'énergie cosmique. Le cœur de l'exercice est chaleur, écoute dans la stabilité, silence dans le mouvement.

Etre présent dans les postures, dans les gestes des différents exercices du TaiJi Quan & Qi Gong, il n'y a pas autre chose à chercher. Extérieurement le mouvement est sans rupture. Intérieurement son goût devient plein et ouvert à l'espace. Ce goût ne peut être saisi, il apparaît avec la pratique et résonne au-delà de la pratique. Cela demande de l'attention.

Devenir de plus en plus sensible dans le mouvement ne signifie pas s'y diluer sans racines. Devenir de plus en plus précis dans la technique ne signifie pas devenir technicien. Il arrive que, dans la pratique, on ait l'impression de gagner en sensibilité et de lâcher un peu la technique ou bien de gagner en précision et d'être moins sensible. Mais la pratique bien sentie unit ces deux pôles. Il s'agit progressivement de devenir un avec la technique. Etre la technique, au sens profond, c'est être présent, c'est sentir, c'est s'oublier dans le mouvement. Alors le TaiJi Quan & Qi Gong est un art et une méditation.



Yang-Lu-Chan Yang-Cheng-Fu

Yang-Lu-Chan

Yang-Cheng-Fu






ASPECTS Structurels, Emotionnels et Energétiques en pratique TAIJIQUAN & QIGONG


Ancrage

Enracinement des pieds et des jambes, du bas du corps vers le sol
Stabilité en fente avant (65% jambe avant - 45% jambe arrière),
Sustentation par un rapport équilibré longueur largeur du pas
Bords interne et externes des pieds collés au sol
Arc de jambes, jambe arrière fléchie, genoux ouverts, position basse
Pratique assidue de l'arbre


Assise

Le bassin est la coque du " bateau-corps ". S'y installer avec confort, l'habiter complètement pour favoriser l'assise sur " les flots " et ne pas tanguer. La taille est le maître de tout le corps, les pieds n'ont de la force et le bassin de l'assise que si l'on est capable de relâcher la taille. Les passages du vide au plein s'effectuent à partir des mouvements tournants de la taille. L'intention du mouvement part du cœur-esprit, le souffle se met en branle dans le tantien et le mouvement débute du centre, rencontre des axes du corps, et des énergies. Le bassin sous la conduite du centre impulse la direction du mouvement tantôt par léger enroulement du sacrum dans le sens de la ligne de l'action, tantôt par une rotation de l'assise autour de l'axe vertical, c'est la notion de pivot créateur.

La rétro ou l'antéversion du bassin se mesure à partir de l'épine (crête) iliaque supérieure. Si elle avance dans le mouvement, la partie basse du bassin recule, il y a antéversion qui creuse les lombaires. Si elle recule, la partie basse du bassin avance, il y a rétroversion et étirement de la zone lombaire. Pour ne pas rester dans une interaction fixée, verrouillée, et fermée, s'ajoute à cette éventuelle rétroversion du bassin, un travail subtil à l'intérieur du bassin qui tend à rapprocher le sacrum du pubis (non pas par contraction des fessiers qui ferme) et permet de libérer la coxo fémorale et le plancher pelvien pour laisser passer la fluidité de l'énergie. Nutation et contre nutation. Conserver l'image que le sacrum ne s'infléchit pas tout de suite ; il s'écarte d'abord (recule) puis plonge ensuite vers le bas.


Axe vertical

La colonne vertébrale est le pilier vertical, le mat du bateau-corps, le véhicule de transit principal de la remontée de l'énergie vers le haut du corps par le méridien merveilleux Du Mai, méridien contrôle et gouverneur mère des yang. La colonne vertébrale est souplement étirée par une éventuelle légère rétroversion du bassin et un enroulement du sacrum vers le pubis permettant l'ouverture des lombaires, une nuque ouverte par un menton légèrement baissé, par une conscience de notre lien vers le ciel qui nous connecte et nous maintient dans cette verticalité.



Tung-Ying-Jie

Tung-Ying-Jie






Verticalité anti-gravitaire

Centrer le corps biomécaniquement, sur n'importe quelle position des formes et des chi gong, correspond à la recherche d'une position de la coque (bassin) dans l'espace horizontal (avant, arrière) tel que le " poids " de la gravité sur le squelette verticalisé soit le plus minime possible. Position précise de l'alignement dit anti-gravitaire où les chaînes musculaires ne luttent pratiquement plus contre la chute gravitaire, d'où l'acquisition d'un relâchement global du corps, confortable en son bassin, remontée de l'énergie par le dos et processus de circulation énergétique plus fonctionnel. Cette recherche débouche le plus souvent chez l'élève pratiquant par un recul du bassin vers l'arrière calant ainsi l'axe vertical sur la ligne verticale de référence dite anti-gravitaire. C'est ce qui correspond également à " moins dans les genoux et plus dans les plis de l'aine " ou " repasser par son centre puis le garder avant d'exprimer un nouveau mouvement ".


Etat d'esprit

Chercher le calme par la centration méditative. Centrer son esprit, c'est parvenir à ramener son attention, ses émotions, et son centre de gravité affectif au plus profond de soi-même, et vers le bas du corps (rétablir le contact à la terre ou s'enraciner), pour ne plus que le quotidien ait d'emprise sur les sentiments (avoir la tête ailleurs, dans les nuages). Que seul, par cette méditation _silence recherché et l'esprit vide de toutes pensées où l'instant est entre parenthèses du passé et de l'avenir_ le dialogue du " cœur-esprit " et du corps puisse s'établir. Alors le travail de la recherche de l'harmonie entre ces deux derniers peut commencer pour qu'ils puissent enfin évoluer de concert, en conscience et proprioception.


Respiration abdominale classique

Respiration basse privilégiant la poussée du diaphragme vers le bas (respiration de la tortue) et non l'écartement des muscles intercostaux (côtes) pour augmenter le volume inspiré, les échanges, et les pressions sur les organes et viscères. Respiration régulière éventuellement synchronisée au mouvement : ouverture du mouvement = inspiration, fermeture = expiration. " Eventuellement " car il vaut mieux privilégier une synchronisation devenant peu à peu " naturelle " (= d'elle-même) en fonction de la vitesse d'exécution, qu'une synchronisation " rationnelle " mue par la seule volonté. Le geste juste donne la respiration juste.


Yin Yang

Afin d'avoir une base de recherche empirique lors de la pratique, transférable ensuite sur un " art de vie ", appréciation des aspects relatifs et complémentaires du couple synergétique " yin/yang". Connaissance théorique nécessaire des règles générales des mutations et des alternances, croissance et décroissance, des quatre phases du nycthémère



Tung-Hu-Ling

Tung-Hu-Ling







Conscience du centre

Le Tan-tien bas ou champ de cinabre bas est le centre énergétique en Nei Dan (Styles internes type Wudang), élément majeur dans la pratique énergétique TAI CHI. Il se situe à 3 cm au-dessous du nombril et à un tiers de la distance entre le ventre et le dos. Il peut être comparé à l'image d'un chaudron de stockage (condensation) et de barattage de la " vapeur " CHI issue et produit de la rencontre de Kan le CHI eau, celui des reins, et de Li le CHI feu, celui du cœur. Kan, l'eau, représente le Yin relativement à Li, le feu, qui représente le Yang. Le Tan-tien moyen ou champ de cinabre moyen est le centre énergétique en Wai Dan (Styles externes type Shaolin). Il se situe entre le diaphragme et le plancher pelvien (le " hara ").

Energétiquement le centre est composé à la fois du tan tien bas et du tan tien moyen. C'est un lieu de rencontre et de diffusion des forces, un lieu de convergence et d'équilibre des énergies " du ciel et de la terre ", un lieu d'échanges entre les forces qui enfantent le mouvement. Bio-mécaniquement, la région de ce centre où se crée l'alchimie des énergies, est à la croisée des chemins entre deux triangles de muscles souples (à étirer) dont les pointes se confondent : c'est sur cette région qu'il faut porter son attention car le mouvement doit être animé, dirigé par l'intention qui part du centre. "Enrouler le fil de soie avec énergie".


Cercles, spirales, rondeur et fluidité

Participant à une meilleure circulation du Chi, toutes les trajectoires épousent le cercle ou la spirale. Rondeur des bras & arc de jambes. Toutes les trajectoires de la forme s'enchaînent les unes aux autres sans aucune interruption. La forme est un seul et même mouvement continu.


Mouvement holistique

Toutes les parties du corps sont liées et participent à la réalisation du mouvement global. Non localisé à un seul groupe d'articulations chaque mouvement contient toute la pratique. Le corps, l'âme et l'esprit participent également de façon inter-liée au déroulement de l'action, c'est ce que l'on entend par rechercher l'harmonie du corps et de l'esprit.


Relâchement

Suprématie de la souplesse et de l'élasticité pour le profit d'une " puissance vitalisée ". Les muscles et le mental doivent être relâchés et souples ; c'est la condition sine qua non pour qu'ils puissent dialoguer et se " nourrir de tous les plus " que la pratique propose. Il faut apprendre à se relâcher pendant la pratique lente, et non après. Le " lâcher-prise " et " se laisser porter par la vague " en font partie. La sensibilité de proprioception d'un muscle est plus développée lors de l'allongement. Les étirements anté et post-pratique sont utiles.


Harmonies

C'est ce qui va permettre l'optimisation du développement de l'énergie et son utilisation pendant la réalisation des mouvements. Etude avancée des coordinations, alignements et connexions.



Tung-Kai-Ying

Tung-Kai-Ying





Respiration abdominale inversée

Le ventre ne se gonfle pas à l'inspiration. Tantiens bas et médian rentrent en connexion pour une meilleure alchimie de Kan et de Li.


Régularité de la pratique

Sans elle, rien ne pourra se développer au niveau énergétique et psychique.


Développement du Jing

La détente du corps et le calme du mental, associés à au travail du souffle effectué lors de l'enchaînement, vont permettre le développement d'une force intérieure appelée JING, que les maîtres de Taiji quan opposent à la force musculaire considérée comme inférieure et limitée. Le terme jing était employé dans les textes anciens bien qu'assez rarement avec le sens de force. A l'heure actuelle, il désigne dans le langage courant le ressort d'un individu, sa vitalité, son dynamisme, en mettant l'accent sur l'intériorité de cette force (force intérieure / art interne), qui précède la forme musculaire et lui préside, et qui est liée à l'attitude psychologique d'un individu. C'est aussi le sens qu'à ce terme dans le Taiji quan.


Yi, Intention du cœur-esprit

A un haut niveau de réalisation, l'Intention du cœur-esprit, le Yi, guide le souffle et l'action. L'intention qui préside au mouvement part du cœur-esprit, le souffle se met en branle dans le tantien et se met à circuler. Le mouvement débute du centre, rencontre des axes du corps, et des énergies. Le bassin sous la conduite du centre impulse la direction du mouvement. L'énergie est dirigée jusqu'aux quatre "extrémités du corps" (pointes des deux mains et des deux pieds). C'est l'exemple de l'énergie de la mer, nécessaire pour pousser la dernière vague sur le sable.




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