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Escalader la Montagne
par Au Fil Du Temps



Dans les histoires sur les Taoïstes et les Guerriers Érudits, il existe une longue tradition de retraite. Un individu peut se retirer au nom d'une réalisation spirituelle ou se retirer temporairement avec l'intention de revenir après s'être perfectionné. Ce type de retraite était appelé "escalader la montagne", car c'était dans l'isolement des hautes montagnes, loin de la société turbulente que les pratiquants pensaient avoir la meilleure possibilité de se discipliner. Ils rejoignaient un maître qui les formait chaque jour pendant des années. Il n'y avait aucune distraction.


Le travail dans la zone de séjour était l'unique activité ; il n'y avait pas de vie sociale, pas de communication avec la famille, aucune frivolité d'aucune sorte. Pendant toutes ces années, l'élève n'existait plus au monde extérieur et toute sa vie était consacrée à la poursuite de la perfection. Lorsque l'on disait que le quelqu'un était parti escalader la montagne, tout le monde opinait avec solennité. Ils savaient tous que cette personne reviendrait dans un état presque surhumain. Ils savaient que l'étudiant était inévitablement appelé à exceller et que se réapparition dans la société ressemblerait à la résurrection d'un dieu.


Que vous vous retiriez pour de courtes périodes chaque jour pour vous perfectionner ou que vous y consacriez des semaines ou même des années, vous découvrirez qu'il est très bénéfique d'être éloigné des problèmes du quotidien. Non seulement la force que vous en obtiendrez vous sera acquise, mais vous aurez une meilleure perspective des problèmes quoi se posent à vous. Il est certain qu'ils vous apparaîtront moins difficiles à votre retour.


Le meilleur résumé de ce type de pensée est le poème taoïste de la Plage des Oies du Sud cité dans l'introduction :





" Les habits de cour de rouge et de pourpre ne sont pas attractifs. Au lieu de cela, j'aime les nuages blancs qui embrassent les sommets émeraude des montagnes. Ainsi je m'assois dans la solitude, oubliant l'année ou le mois pendant que dans le monde en dessous, des vies et des générations passent. "


Le maître expose les merveilles et l'importance de la retraite du monde. La première ligne indique qu'il a déjà fait l'expérience du monde. Par la mention des habits de rouge et de pourpre, il fait allusion au fait qu'il a rencontré ceux qui les portent. En Chine, les gens du commun ne voyaient jamais les membres de la Cour impériale. Il est bien possible qu'il ait porté ces habits lui-même, mais il dit qu'ils ne l'attirent plus. Il les a laissés derrière lui au nom d'une vie naturelle. Il aime les nuages blancs qui embrassent les sommets émeraudes des montagnes. Son retrait du monde est total. Il ne se soucie que de la solitude exquise de la contemplation et il n'est en aucune façon concerné par le passage u temps dans l'univers de la vie ordinaire.


La compréhension du vide est un stade du Taoïsme même plus élevé que celui représenté par le taoïste de la Plage des Oies du Sud. Comparer son poème avec celui de son aîné, Celui qui Evite les Dangers, nous fournit le meilleur résumé des différences.




" Comme un radeau à la dérive sur l'océan, peu importe où je navigue et où je m'arrête. Atteindre le Tao est l'affaire d'un mouvement permanent. La nature véritable naît d'une profonde splendeur. "


En un sens, ce poème est un désaveu ligne par ligne du taoïste moins avancé. Quand Celui qui Evite le Danger dit qu'il est comme un radeau à la dérive dans l'océan, il établit automatiquement sa différence avec le taoïste de la Plage des Oies du Sud. Là où ce dernier est encore concerné par des préférences et des aversions en disant que les habits de cour ne le séduisent plus et qu'au lieu de cela il aime les nuages blancs et les sommets émeraude des montagnes, Celui qui Evite le Danger déclare simplement qu'il est à la dérive sur l'océan du Tao. Il n'a pas de préférence car là où il navigue et là où il s'arrête n'a pas d'importance. Il se confie entièrement au Tao et il n'y a pas de distinction à faire. Un lieu n'est pas différent d'un autre, alors pourquoi faire une histoire ? De plus, en utilisant l'image d'un radeau qui flotte, il dit aussi que l'océan le supporte sans faillir.


Il continue en disant : " Atteindre le Tao est l'affaire d'un mouvement permanent ". En ce sens, il a montré qu'il est même allé au-delà des pratiques de renonciation et de méditation. Il n'a pas besoin de s'isoler au sommet d'une montagne, il n'a pas besoin de dédaigner le monde qui l'entoure. Il est allée au-delà du besoin d'isolement, de réalisation et d'illumination. Tout ce qui importe est de s'imprégner du mouvement permanent car il suit le Tao là où celui-ci l'emmène. Le monde est le même pour lui et pour nous : il mange, il dort, il se déplace. Mais il cesse de projeter ses sentiments sur le monde, même lorsque lui-même est dedans. Il a effacé la dualité entre lui et le monde, et quelle que soit la manière dont il agit, il est toujours prêt à l'appel du Tao.




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