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Au travers de l'observation du mouvement apparent du soleil, nous sommes invités à prendre connaissance de la qualité énergétique des secteurs du temps tout au long de l'alternance jour / nuit, par extension du jeu des dynamiques internes et des apparences externes au cours d'un même mouvement.
A partir du point du Jour (Aube), le soleil monte dans le Ciel et exprime sur un mode croissant lumière, chaleur, stimulation, jusqu'à son Zénith (apogée) marqué par la figure du tai yang, le grand yang lié à midi. Durant ce parcours, non seulement la forme extérieure est yang, il fait jour, mais ce yang lui-même croît vers une expression plus yang encore, un jour plus intense. Cela veut dire que son dynamisme interne croissant exprime une tension de l'Aube à Midi, du shao yang au tai yang. Son souffle (ou énergie) interne est également yang : cette phase est le yang dans le yang.
A l'instant même où le soleil arrive à son zénith (apogée), il amorce sa décroissance, c'est ce qu'indique l'œil noir en creux au centre du blanc. Le point haut est donc à la fois un apogée et un lieu de changement : la croissance du yang accompagnée d'une tension interne s'arrête à l'épuisement de cette tension (le yang potentiel y est alors entièrement manifesté) et laisse aussitôt place à la décroissance du yang avec distension interne. Il s'agit ici encore d'un changement radical qui touche non pas l'apparence, la forme extérieure (le Jour demeure) mais l'énergie interne, déterminant à la fois la qualité (ce n'est plus la même expression du Jour) et le devenir (il va disparaître). Cette phase où la montée devient descente, où la tension devient distension est placée sous le signe de bian, la Transformation (ou modification totale de l'arrangement interne). " Quand les êtres ont atteint leur développement maximum, cela s'appelle le changement " (citation du su wen). Ce qui n'indique pas du tout un changement d'apparence, mais bien un changement de direction inévitablement induit par le terme ji, sommet, plafond.
Le Soleil descend dans l'après-midi, exprimant de moins en moins clairement ses qualités jusqu'au Crépuscule. Au cours de cette descente, la décroissance du Jour, distension placée sous l'emblème yin, ne touche encore que le souffle (énergie) interne de cette phase dont la forme extérieure demeure le jour (yang). De Midi au Crépuscule, il s'agit du yin dans le yang.
Au Crépuscule, on constate une nouvelle Métamorphose (hua) de la forme extérieure : le Jour disparaît, laisse apparaître la nuit. En revanche, la trajectoire reste inchangée, la descente se poursuit, ce qui tend à montrer que si à travers hua les formes extérieures changent, en revanche le Souffle, la ligne interne, demeure intacte (par " ligne interne " nous pouvons entendre ici la Trajectoire, la succession, le déroulement des processus, le mode d'expression...). La Nuit s'approfondit alors jusqu'à Minuit qui est le cœur de la nuit, du shao yin au tai yin. Cette seconde phase de la descente à une forme yin (c'est la nuit) et un souffle d'épuisement progressif du yang (elle va vers une nuit plus profonde encore = yin). C'est le yin dans le yin.
Minuit marque l'extrême épuisement du yang. C'est à ce point qu'il renaît, ce que marque bien non seulement l'œil blanc plein au centre du noir, mais aussi le repaire chant du coq. Le Coq marque au cœur de la nuit la renaissance yang du souffle, période signalée également dans les douze signes horaires par la figure d'un enfant aux bras ouverts. Qu'il s'agisse de l'impulsion éveillante du chant du coq ou du vagissement inépuisable du nouveau-né, le cri marque ici la tension inaugurale de la phase montante du Tai Ji et la promesse du jour dans la nuit profonde. Il s'agit encore d'un changement radical de la polarité, d'arrangement énergétique interne correspondant à bian, la Transformation. Bien qu'il fasse toujours nuit, la nuit a changé, une tension interne maximale monte alors progressivement et s'exprime vers l'extérieur dans la Nature qui prépare l'éclosion du jour. Cette phase qui va du tai yin de Minuit vers le shao yang de l'Aube s'exprime en terrain yin, c'est la Nuit, mais son Souffle interne est yang (elle attend et prépare le Jour) : c'est la phase yang dans le yin.
…Ayant levé les yeux pour observer le Ciel, les ayant abaissés pour contempler la Terre, il nous faut maintenant retourner le regard et nous re-connaître, c'est-à-dire identifier les sources de nos perceptions, de nos énergies et de nos formes.
Dans cette investigation, nous discernons plusieurs niveaux de Réalité :
Jing, le principe de vie, est la base essentielle, claire, indifférenciée, à partir de laquelle chaque être prend vie, identité, souffle et forme. Jing est comparable à la Trame " imprenable " du yin, espace disponible, fond obscur, réservoir et condition préalable à chaque existence. De cet emblème, qui désigne peut-être la notion la plus générale qui soit dans la vie concrète, vont découler trois autres aspects :
Shen, formé à la conception par la rencontre des jing du ciel et de la Terre, du Père et de la Mère, de l'inné (espèce) et de l'acquis (environnement) est la Force configuratrice spécifique de l'individu, son plan général, son mandat (caractéristiques génétiques et possibilités offertes par le milieu). Shen est à la fois compositeur et chef d'orchestre, il règle la coordination des énergies, leur itinéraire et leur ordre d'apparition.
Qi, l'énergie ou Souffle, désigne tous les dynamismes dont les trajectoires, les périodes de déploiement, les périodes de repliement, ainsi que les fonctions spécifiques dépendant de shen. Que leur expression dominante soit l'expansion (yang) ou le retrait (yin), c'est à yang qu'elles répondent de par leur instabilité.
Xing, la Forme, désigne l'ensemble des substrats (wei = saveurs) organisés en structures vivantes, à la fois stables et quantifiables. La Forme est le produit du tissage des Saveurs (wei) par les Souffles (qi) selon les conceptions du Principe organisateur (shen) lui-même, dépendant des possibilités de l'espèce (jing " inné ") et de celles du milieu (jing " acquis "). La Fonction dominante des Formes (xing) étant l'établissement d'un espace de recel et de stabilité, elles répondent à yin.
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