Styles et Magie de la Calligraphie Chinoise
Calligraphies de HE YIFU
Peintures de GAELLE FLEUR DEBEAUX
Textes AU FIL DU TEMPS
" Un trait n'est pas une simple ligne.
Il est l'incarnation même du souffle "
François CHENG
Ce concept du souffle illustre le phénomène singulier qui règle les énergies de l'univers parcourant les êtres et les choses .
Ainsi est évoqué ce mystère qui régit le geste du calligraphe et ordonne l'écriture du poète. Même souffle animant le corps et l'esprit, et qui se résout dans le trait signifiant du pinceau et de l'encre.
Le souffle, ou l'énergie peut être considérée comme étant la force motrice et l'étincelle à l'origine du mouvement.
L'idéogramme qi est éloquent à cet égard. Il représente un grain de riz, et au-dessus des traits horizontaux qui symbolisent la vapeur qui, s'échappe d'une cuisson virtuelle.
Tous les grands peintres lettrés de Chine, également excellents calligraphes, ont tenu à accompagner leurs peintures de calligraphies originales. Elles sont autant de commentaires, de pensées diverses, de citations célèbres, de petits mots d'humeur ou d'humour, inspirés par les différents thèmes visités.
- Calligraphie de style zhuanshu " écriture sigillaire ":
Elle rappelle le tracé des premiers pictogrammes vieux de plus de 3000 ans.
Elle fait par exemple écho à l'ancestrale pensée taoïste.
"Le Dao n'a d'autre modèle que soi-même"
LAOZI
"A l'âge de rester alité, je continue
de voyager
à travers ma peinture des paysages"
ZONG BING
- Calligraphie de style lishu " écriture des scribes ":
Dynastie des HAN (206 av/220 ap J.C.). Elle présente un graphisme un peu archaïque et le parfait alignement des signes qu'il réclame sied également très bien aux perspectives droites.
"Les ancêtres avaient déplacé des mégalithes
Cela a laissé des doutes et de la beauté à la postérité"
HE YIFU
- Calligraphie de style kaishu "Ecriture régulière" :
Fin de dynastie des HAN (206 av/220 ap J.C.). Elle répond pour sa part au célèbre propos de Shitao sur la règle.
"La règle n'est pas modèle fixe, c'est le souffle inspirateur qui structure"
SHITAO
Ces trois premiers styles exigent le respect de la totalité des traits de chaque caractère, ce qui implique une certaine lenteur d'exécution et un côté un peu figé, impropre à figurer par exemple la vivacité du vol de mouettes ou le mouvement de la vague.
D'autres styles cursifs par la liberté et la souplesse qu'ils induisent, permettent, comme le dit François Cheng, de " capter le souffle et de le transformer en signe ".
Calligraphie de style caoshu " écriture d'herbe " :
Fin de dynastie des QIN début HAN (vers220 av J.C.). Les caractères simplifiés à l'extrême, jusqu'à ne plus être facilement identifiables, peuvent même être reliés les uns aux autres dans un seul geste. Ce style, comme son nom l'indique, est le plus approprié pour suggérer les ondulations des herbes sous la brise ou les branches enchevêtrées. La rapidité d'exécution qu'il autorise permet également de rendre compte de la fulgurance d'une émotion et de la restituer dans sa spontanéité initiale.
"Un instant de repos,
Un instant de repos.
Calmement, je m'allonge sur la pelouse verdoyante,
Attentivement, j'écoute les flots lointains.
Pas besoin d'aller dominer les flots furieux,
Pas besoin de me charger de marchandises.
Un instant de repos,
Un instant de repos."
HE YIFU
- Calligraphie de style xingshu " écriture en marchant " :
Dynastie des JIN (265/420 ap J.C.). Semi-cursive (où une partie seulement des caractères peut être simplifiée), cette calligraphie convient parfaitement aux descriptions.
"Heureux, on se rend au bord de la mer ;
affligé, on s'y rend également.
Jouissant de la brise marine, les amoureux
s'échangent leurs sentiments ;
Couchés dans le landau poussé par leur mère,
les bébés écoutent tranquillement
le bruissement des vagues…"
HE YIFU
