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Les Trois Etapes Fondamentales
Par la Société d'Etudes des Disciplines Gestuelles Traditionnelles

" Tai Chi Chuan, la danse des Ondes / Maloine éditeur




Raffiner l'Essence et la transformer en souffle
Raffiner le Souffle et le transformer en Puissance spirituelle
Raffiner la Puissance spirituelle et la faire retourner à la vacuité.


C'est dans le champ de cinabre inférieur que se produit la fonte de l'essence et sa transformation en souffle. Avant qu'il ne pose une Fondation, l'esprit est errant à l'extérieur en quête des données des sens. La vitalité se dissipe et la force génératrice est corrompue. En sublimant les 3 éléments à savoir l'essence dans le ventre, le souffle dans le cœur et l'esprit dont l'origine est la cavité de la tête, leur force originelle sera restituée.







La fondation sera posée quand ces 3 éléments seront unis. Le corps, le cœur et la pensée sont appelés les trois familles (san chia) et la force génératrice (jing), le souffle vital (chi) et l'Esprit (shen) sont appelés les trois trésors (san pao) ou les 3 éléments de base (san yuan). Le corps, le cœur et la pensée se mettent debout pour ce qui est le principal (chu) et le souffle vital, la force génératrice et l'esprit pour la fonction (yung). Quand le cœur est vide des états d'âmes extérieurs, la nature est unifiée, et quand le corps est en repos, la force génératrice est libre des passions éteintes. Quand la pensée est réduite à l'état de sérénité, les trois facteurs se confondent en un unique facteur : l'union des 3 éléments dans un Tout unifié.






Certains exercices dans les divers degrés du Tai Chi Chuan permettent au souffle de faire des mouvements tournants en spirales dans le champ de cinabre et font apparaître une chaleur en cette partie du corps, c'est cette chaleur qui permet la transformation et la sublimation de l'essence en souffle. Le champ de cinabre ou tan tien inférieur étant alors empli de souffle celui-ci devra être dirigé par la Pensée Yi, non mentale, vers l'extérieur à travers le déroulement de mouvements conçus pour cela. Ce sera le début de la deuxième étape : " Fonte et transformation du souffle en puissance spirituelle ". Le souffle qui était accumulé dans le champ du cinabre est appelé " souffle interne " ou souffle central.






Ce souffle central est conduit dans le corps selon deux circulations en anneaux : la petite révolution et la grande révolution. Dans la petite révolution, le souffle monte du champ de cinabre dans la "cour jaune" (houang-t'ing) situé au niveau de la rate et du réchauffeur médian, et là il y a échange avec le souffle externe inspiré par le nez, le souffle interne redescend pendant l'expiration au champ de cinabre puis circule autour de la taille à travers le méridien Tai Mo véritable ceinture autour de la taille, où il est clarifié et raffiné (purifié).


Puis le souffle clarifié et raffiné montera dans la grande révolution ou orbite microcosmique. Le point Yin-ts'iao à un pouce 3/ 10e au-dessus de l'os sacral et du point Houei-yin (à la base du corps) doit être contracté pendant le temps d'inspiration durant les mouvements de Tai Chi Chuan, comme si l'on aspirait ce point afin de permettre au souffle de monter dans le canal de contrôle. Par la pensée (Yi) on fait tout en inspirant, descendre le souffle du champ de cinabre au point à la base du corps appelé aussi point ou porte de mortalité, et pour ne pas laisser partir s'écoulant au dehors la vitalité, la contraction du point Yin- ts'iao cité ci-dessus, permettra l'aspiration et la remontée du souffle dans le canal de contrôle, et ce jusqu'au sommet de la tête où se trouve la porte de la Vie (point Pai-Houei).






Il y a 3 passes dans le dos qui sont : les reins, le point Ling-t'si au niveau de la 7e dorsale et le point Yu-tchen au niveau de la nuque. Le point Ling-t'si est considéré comme la demeure de la " puissance spirituelle " (chen). C'est le point sur lequel il faut se concentrer pour faire retourner l'essence et réparer le cerveau, le régénérer. C'est aussi le point où dans les arts martiaux il faut concentrer son attention pour acquérir la Faculté de pressentir un danger ou la venue d'un ennemi. Après avoir atteint le sommet de la tête ou point cardinal du Sud (wu) le souffle redescend jusqu'au milieu du visage jusqu'au point Jen tchong entre le nez et la bouche, terminaison du canal de contrôle. La pointe de la langue collée contre le fond du palais pendant tout l'enchaînement facilitera la circulation du souffle et son passage dans le canal de fonction. Puis le souffle descend par le canal de fonction pour revenir à son point de départ. A travers les canaux de contrôle de fonction et le canal Tai Mo du dos et du devant au niveau de la taille, le souffle produit dans le champ de cinabre est purifié et mis en circulation dans cette orbite microcosmique.






Quand le souffle vital circule librement dans le reseau des huit principaux canaux dont la base est la porte mortelle en bas du tronc unie à la porte de vie au sommet de la tête, et à l'autre extrémité au souffle tourbillonnant des plantes des pieds, le sang lui aussi circule alors librement dans le corps et le souffle vital est fort, le principe positif Yang croît causant la baisse du principe négatif Yin, l'élément de feu se développera dans celui de Peau et " les fleurs fleuriront dans la neige ".






Quand le pratiquant du Tai Chi Chùan commence à être familiarisé avec la forme et l'enchaînement des mouvements, qu'il a pu obtenir tout au long des mouvements une respiration longue, calme, régulière, il pourra alors commencer à pratiquer ces exercices de circulation au cours du déroulement des mouvements exerçant selon les moments les canaux des jambes, des bras, de la ceinture et ceux de contrôle et de fonction. Ces exercices feront apparaître peu à peu un grand calme de l'esprit. " Le souffle véritable à partir des pieds circule finalement comme une roue dans les canaux de fonction et de contrôle, les membres acquièrent la stabilité des montagnes, les pensées vagabondes ne naissent plus, la machine céleste marche toute seule ". Le mouvement d'abord imaginaire créé par la pensée Yi guidant le trajet du souffle, a finalement créé le mouvement réel.






Nous abordons maintenant la troisième étape où " raffinement de la puissance spirituelle et retour à la vacuité ". Cette troisième étape est effectuée à partir de ce que nous avons traduit jusqu'ici par " pensée non mentale " Yi. Ce mot englobe l'idée d'intention, d'orientation, de volition. Les Chinois le définissent comme ceci : " Le Yi est l'intention de mon cœur ", ou encore : " ce qui est émis par le cœur s'appelle Yi ". Dans la plupart des textes cœur et pensée sont employés dans un même contexte. La pensée est ici à la fois une intention précise et une représentation une image formée dans le cœur. C'est une pensée créatrice qui provoque des transformations physiologiques et psychologiques. Ainsi un texte du " Lao-tseu " dit : " Les dix mille transformations ne sont présidées que par la Pensée ". Par ailleurs dans certains textes taoïstes la Pensée est qualifiée " d'entremetteuse ", servant de lien, de pont, d'intermédiaire, entre la terre, le corps et le ciel.






Dans la pratique du Tai Chi Chuan, il doit y avoir coïncidence de plus en plus parfaite entre l'exécution d'un mouvement et l'émission par le cœur de sa représentation imagée. Et lorsque le corps répond instantanément, spontanément à l'image émise il y a comme un geste jaillissant, spontané, vivant, ou la " parole du cœur" s'écoule d'elle-même. A ce stade l'extérieur ne trouble plus, la puissance spirituelle est concentrée (chen-ning). Sa concentration alors est telle que le pratiquant prend conscience de son Moi et de son corps, l'union des contraires est accomplie : intérieur et extérieur, mouvement et repos, moi et l'autre, c'est l'union au Tao, et le retour à la vacuité. L'Homme est Un avec les forces de l'univers dont il en suit les lois. A l'intérieur aucune pensée ne fait obstruction pas plus qu'à l'extérieur. C'est l'accomplissement du Tai Chi. L'homme est uni au ciel et à la terre. Ce n'est plus lui qui exécute les mouvements du Tai Chi Chuan à travers tous les actes de la vie quotidienne, c'est le Tao qui agit par lui.



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