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L'Homme situé entre le Ciel et la Terre
par Anya Méot






Dans l'antiquité, les Chinois considèrent que toute chose dans l'univers est imprégné d'énergie. L'homme situé entre le ciel et le terre, est sous l'influence des énergies qui viennent du cosmos et celles qui partent de la terre. Ces énergies célestes et terrestres se rajoutent à l'énergie propre de l'homme, appelée énergie ancestrale et héréditaire. Il faut donc qu'il y ait entre ces différentes énergies circulant dans l'organisme humain un état d'équilibre fonctionnel. Mais pour que cet équilibre se réalise chez l'homme il lui faut apprendre à se tenir vertical c'est à dire à s'enraciner dans le sol pour pouvoir capter les énergies terrestres et ensuite s'ouvrir vers le haut pour capter les énergies du ciel. En chinois l'énergie se nomme le CHI, les occidentaux le traduisent par souffle ou énergie vitale. Le terme souffle est peut être le plus approprié, car énergie est un terme qui peut prêter à confusion chez l'occidental avec les notions d'énergie électrique, mécanique et autres.






Par les pieds, c'est à dire les racines, l'homme reçoit l'énergie de la terre, par la tête, les énergies du ciel; sa colonne vertébrale est un pilier, un axe vertical autour duquel les choses s'ordonnent. Il se laisse imprégner par les forces sacrées de l'univers et, par une série de gestes et de déplacements quasi ritualisés, en rapport avec les directions, il se rend maître du temps et de l'espace il retrouve son centre. Sa tenue correcte contribue au bon ordre du monde. En conformant ses actes aux lois et aux rythmes de la nature, il participe aux transformations et au devenir de l'univers. Sa conduite a une influence organisatrice: quand en lui aucune pensée ne s'élève, à l'extérieur rien ne fait obstruction, l'énergie est " une " avec les forces de l'univers. Il exerce une influence rayonnante ce n'est pas lui qui accomplit les mouvements, c'est le Tao qui agit par lui.


Par la pratique des exercices énergétiques réalisés en coordinations avec une respiration appropriée, le corps et l'esprit retrouvent peu à peu la souplesse nécessaire à la libre circulation des souffles (énergies vitales), et des fluides (sang, lymphe, sécrétions hormonales..) dans l'unité de notre triple nature (physique, émotionnelle, mentale). La recherche de l'harmonie dans le mouvement est le prétexte à une connaissance plus profonde de notre nature.


Grâce à l'enracinement, au recentrage, à la respiration et à la souplesse des mouvements, le "Chi" circule de manière fluide, dissout les blocages et apporte vitalité et bien-être. "Faire le lien entre le ciel et la terre", s'harmoniser avec les cycles de la nature et cheminer en direction de l'Unité", telle est la voie, le Tao.





TUNG YING JIE



Différentes sensations se manifesteront lors de la pratique des respirations, des exercices et des enchaînements de mouvements (formes). La pleine conscience de ces sensations vous aidera à appréhender la notion du développement de l'énergie vitale, le chi, énergie concrète. N'hésitez donc pas à vous "éveiller" aux impressions qui se présentent à vous, faites même plus : identifiez-vous à ces sensations, ne les vivez pas intellectuellement, " sentez " -les physiquement et consciemment. Vous approcherez alors la vraie sérénité et la maîtrise de vos énergies; cet état dépend de la mise en retrait du mental, cet "outil" qui se prend pour le maître.


Quelles sont ces sensations qui vous permettront de contrôler vos progrès ?


- la sensation d'un flot de chaleur s'écoulant à travers le corps et se concentrant plus spécialement dans les mains, les jambes, le dos et le ventre.

- la manifestation de picotements à la surface. Ils suivent la circulation de l'énergie (du chi) et apparaissant lorsque les muscles sont détendus.

- l'augmentation du flux salivaire, appelé liqueur de vie par les acupuncteurs traditionnels, apparaît lorsque les organes se renforcent. Cette salive ne doit surtout pas être crachée, on doit simplement l'avaler.

- un autre indice de progrès est l'acquisition d'une impression de calme et d'aisance qui se manifeste tant lors des exercices que durant les occupations quotidiennes.





TUNG HU LING



La pratique des exercices taoïstes régénère le corps et l'esprit et amène progressivement au lâcher-prise. Le Taï Chi correctement pratiqué va rendre le corps et l'esprit doux et souples. La poitrine doit s'effacer légèrement, laissant descendre le centre de gravité vers l'abdomen, amenant une sensation de relation à la terre procurant sécurité tranquillité et bien-être. C'est lorsque cette prise de terre est bien en place que jaillit la douceur. Le souple surpasse la force dure, musculaire, volontaire, celle qui veut gagner. Le doux fini par l'emporter sur le fort...toujours.


Celui qui n'apprend pas à se mettre en écoute n'évolue plus. Ecouter nous amène à découvrir un monde et un mode de plus en plus subtil et si d'aventure il nous arrive de percevoir le geste juste, plein de chi, c'est que nous avons bien voulu quitter, ne serait-ce que quelques instants, le balcon de notre personnalité. Une des fonctions du chi c'est de circuler, c'est même sa "raison d'être", une sensation expérimentée restera fugitive et devra être aussitôt abandonnée afin de laisser la porte ouverte sur son éventuel retour. Vouloir retenir le chi c'est aussi empêcher sa naturelle circulation, c'est aller à l'encontre de la nature, c'est créer une tension qui entrave son mouvement. Nos réflexes sociaux conditionnés nous invitent à acquérir, conquérir, obtenir, collectionner, réaliser toujours plus... Ainsi le développement du corps-énergie se fera par paliers, agrémenté et soutenu par de petits "lâchers-prise", l'énergie circulant à mesure que les tensions tombent.


Progresser c'est se désencombrer. On s'allège dans la vie en lâchant du lest, on ne peut se libérer qu'en ôtant nos vieilles écorces. Il en est de même dans notre pratique, l'énergie circule librement dans ses canaux lorsque les vannes s'ouvrent en se déverrouillant. Pour ce faire, il va devenir nécessaire de se défaire progressivement des tensions : la pratique du Tai Chi Chuan demande patience et persévérance.





TUNG KAI YIN



Le mouvement est en équilibre permanent, dans le temps comme dans l'espace : il peut s'arrêter à n'importe quel instant, comme une photo vivante et être à cet instant complet et équilibré, centré et stable. Tout instant est posture stable et paradoxalement change instant après instant. Devant cette exigence, nos méthodes d'équilibration sont rapidement dépassées, et commence un ré apprentissage accompagné de la question : comment a-t-il été possible de faire autrement avant ? Ce n'est pas le Tai Chi Chuan qui provoque les problèmes de posture, ils sont déjà là. Le Tai Chi Chuan à le mérite d'y amener l'attention, de les montrer du doigt, de proposer une solution.




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