Aller en bas de page Sommaire Accueil



Le Coeur-Esprit
par Cyrille Javary, puis par le Dr. Huang


Photos : Annick BOCK









DÉTENDEZ-VOUS ! FAITES ATTENTION !
par Cyrille Javary


Ces deux injonctions en français qui ne sont reliées que par leur opposition, sont pour l'esprit chinois appariées comme les deux versants d'une montagne ; elles concernent toutes les deux le cœur-esprit.


Les Chinois n'ont pas la même sensation que nous du cœur. L'idéogramme avec lequel ils l'écrivent représente pourtant l'organe et il signifie aussi les sentiments. Mais en plus il réconcilie l'opposition, pour nous familière, du cœur et de l'esprit.


Le cœur chinois englobe l'ensemble de ce qui concerne notre conscience, intérieurement celle que nous avons de nous-mêmes, extérieurement celle du monde alentour.






(xin)


L'idéogramme cœur représentait à l'origine l'organe dans sa double particularité : être le seul organe vide, et le seul ne produisant rien d'autre qu'une impulsion vitale. Beau programme pour l'empereur auquel cet organe unique est associé, mais aussi belle image pour cet empire dont notre corps est le territoire et notre esprit le souverain.






(fang xin)


Détendre, c'est desserrer. Se détendre, c'est étendre sa conscience dans un rapport paisible avec l'endroit qui nous entoure et le temps qui nous accueille.


Cet élargissement du cœur-esprit est désigné en chinois par un verbe dont les nombreuses significations tournent toutes autour d'un mouvement centrifuge d'agrandissement, d'épanouissement, de relâchement d'une tension, d'une aisance retrouvée.


L'idéogramme fang associe un signe évocateur des champs avec le dessin d'une sorte de férule tenue en main. Il désignait à l'origine ces bovidés que des enfants mènent paître avec un bâton et une corde et qu'ils libèrent une fois parvenus à l'herbage.


Se détendre, c'est relâcher cette méfiance involontaire que peut nous inspirer le monde et parfois nous-mêmes.






(xiao xin)


Lorsqu'au contraire, la situation peut présente un danger, il faut concentrer son attention. Pour dire " faire attention ", le chinois emploie une expression similaire à celle que nous venons de voir dans laquelle le verbe fang est remplacé par le mot xiao dont le sens usuel est " petit ", mais qui, à l'instar de fang, est ici employé comme verbe dans le sens de " rapetisser, resserrer".


Faire attention, être vigilant, c'est retendre son cœur, concentrer notre perception de ce qui nous entoure, comme les chats aux aguets rétrécissent leurs pupilles.










MAINTENIR LE CŒUR EN PLACE
par le Dr. Huang


II faut retenir les bénéfices du Tai Ji Quan au niveau du psychisme. L'exercice, cela est couramment prouvé, régularise les sentiments excessifs et maintient le cœur en place.


Il n'existe pas, chez nous, en Chine de séparation entre le corps et le psychisme. Le psychisme est une émanation énergétique des organes. Une seule et même énergie circule sous des manifestations différentes ; c'est toujours la même unité énergétique.


Maintenir, le cœur en place, c'est donc, harmoniser l'activité mentale des cinq organes, foie, cœur, rate, poumon et rein. La colère lèse le foie ; la grande exubérance, le cœur ; les préoccupations, la rate. La tristesse endommage le poumon ; la peur, le rein.


Lorsque l'homme ou la femme, cesse d'être la victime de ses émotions et des pulsions de l'instinct, son corps et son esprit libérés connaissent leur mystérieuse essence. Voilà ce qu'est "maintenir son cœur en place", le but ultime de notre Tai Ji Quan, le sens de cet art interne par excellence.









retour en haut de page Sommaire Accueil