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Les 6 principes privilégiés et fondamentaux
par James KOU

Tai Chi Chuan, harmonie du corps et de l'esprit



Jichang-Yuan



Dans la pensée chinoise, le corps est une unité indissoluble ; et prendre conscience de son corps, c'est se donner accès à son être tout entier. Il est intéressant d'essayer de comprendre, comment une discipline corporelle telle que le Tai Chi Chuan & Chi Gong favorise cette prise de conscience et cette unité à l'aide de quelques principes privilégiés et fondamentaux. Ils forment un tout et dépendent l'un de l'autre inséparablement.




Forme circulaire :


On appelle souvent le Tai Chi Chuan " la multitude des cercles ". En effet, tous ses mouvements, qui excluent d'une manière absolue toutes les lignes droites et directes, sont composés d'un nombre infini de cercles, de courbes, de spirales de toutes dimensions. Ils économisent l'énergie, apaisent l'esprit, et favorisent la concentration, car les mouvements aux figures sans angles, et aux gestes sans fin, empêchent la dépense superflue et inutile d'énergie et donnent une sensation de réserve et de sécurité émotionnelle. La forme circulaire en mouvement représente la forme du symbole du Tai Chi Chuan : le cercle extérieur enveloppe, contrôle et équilibre le mouvement qui se fait et se déroule tout entier à l'intérieur même du cercle.




Douceur, souplesse, fluidité :


Douceur, souplesse, fluidité ont une importance capitale dans la discipline du Tai Chi Chuan dont un des principes est précisément : " non agir physiquement, mais agir psychiquement et mentalement ". Cela veut dire que le déroulement du Tai Chi Chuan doit se faire sans employer la force, et que l'esprit doit commander l'action. Agir avec douceur et légèreté, c'est aussi créer des conditions de repos et de détente, car la douceur et la fluidité font disparaître les brutalités, violences, émotions et heurts ; l'action et le dynamisme évitent l'inertie et la grande mollesse. Douceur et souplesse doivent être soutenues, régulières et égales tout au long du déroulement du Tai Chi Chuan comme si vous dérouliez le fil de soie fragile d'un cocon ; si vous ne le tirez pas assez, le fil ne sort pas et si vous le tirez trop fort ou d'une façon irrégulière, le fil se casse.




Lenteur :


La lenteur permet de mieux discerner les mouvements, de les contrôler et de les coordonner. En effet, les mouvements lents contrôlés et coordonnés contribuent à une meilleure perception de soi-même. Ils aident à découvrir et développer la personnalité et à donner l'assurance en soi, car le Tai Chi Chuan n'est pas une activité mécanique. Au contraire, il exige une présence d'esprit constante et soutenue. Ses mouvements lents, variés et harmonieux vous révèlent à vous-mêmes parce qu'en les exécutant lentement vous prenez mieux conscience de la manière dont ils se font ou ne se font pas. Ils développent aussi le sens de la pondération, la possibilité de relaxation et écartent l'irritabilité. Les mouvements lents augmentent l'endurance d'une manière souvent insoupçonnée. Les maîtres chinois aiment faire une comparaison imagée entre les mouvements du Tai Chi Chuan et les cuissons des aliments : de même qu'un plat préparé à feu vif et rapide se refroidit plus vite qu'un plat mijoté lentement et longuement, de même, les effets du Tai Chi Chuan, exécutés lentement, sont plus durables que ceux des sports violents aux mouvements rapides.




Beijing-Canal



Coordination :


La technique du Tai Chi Chuan est une expression corporelle globale de l'homme intégral. C'est-à-dire que le Tai Chi Chuan introduit la pensée dans l'action, l'action dans la pensée, sous le contrôle de l'esprit, qui dirige et coordonne les gestes de chaque membre du corps, le rythme, le tempo, la forme et la respiration. La mise au point extrêmement précise et détaillée de la coordination des différentes parties du corps : la tête, les yeux, le visage, le dos, la taille, les épaules, les bras, les coudes, les mains, les doigts, les jambes, les genoux, les pieds, les orteils, coordination synchronisée et harmonieuse, demande une attention soutenue et une grande concentration. Plus la coordination est précise et parfaite, meilleure aussi sera la concentration. Une fois concentré dans tout son être, coordonné dans tous ses mouvements, le corps, l'esprit, l'attention et la vigilance ne font qu'un ; et l'être entier est dans l'unité parfaite.




Continuité :


" Le Tai Chi Chuan doit s'exécuter tout entier d'une seule haleine ". C'est-à-dire que son enchaînement ne permet interruption ni discontinuité. Les mouvements saccadés et irréguliers sont à éviter. La connexion entre les différents mouvements est essentielle à la compréhension de l'ensemble. Cette continuité régulière et harmonieuse ne doit pas se limiter seulement aux formes gestuelles, mais aussi à l'intérieur de soi-même, psychiquement et mentalement. Chaque mouvement se développe à partir du précédent, tout en suggérant le suivant. Les séquences se succèdent comme les vagues de la mer sans commencement ni fin.




Respiration :


La respiration spécifique du Tai Chi Chuan & Chi Gong se qualifie par quatre adjectifs. Elle est profonde, lente, fine et régulière. Elle est coordonnée aux mouvements exécutés par le corps pendant toute la durée de l'exercice, il ne faut ni la forcer ni la brusquer ; il faut lui permettre de trouver son rythme. En fait, elle s'instaure naturellement à mesure que le geste s'affine et s'affermit.


Les Chinois pensent que la respiration représente la racine même de la vie. C'est pour eux la fonction vitale par excellence. Et un proverbe indien affirme : " Si l'air tisse l'univers, le souffle tisse l'homme ". Alors, que penser de cette insistance, de cette importance toute spéciale accordée à la respiration ? Respirer, n'est-ce pas la chose la plus naturelle au monde ? N'est-ce pas laisser simplement entrer l'air dans les poumons et le laisser simplement sortir ? A première vue, cela semble aisé. Nous respirons tous, sinon nous ne serions pas en vie, mais nous ne vivons pas vraiment non plus, car nous respirons en général parcimonieusement, faussement, incomplètement, (en gonflant la cage thoracique et en n'expirant pas à fond). L'air ne prend pas possession de notre corps, ne l'habite pas vraiment. Nous ne sommes pas " imprégnés de notre souffle " comme l'était Lao Tseu qui aurait vécu, affirme-t-on, sans aucune maladie jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans.


Aussi, apprendre à respirer, grâce à l'art du Tai Chi Chuan & Chi Gong, d'une façon douce, naturelle et complète, représente un apport précieux, essentiel même, pour la santé et l'équilibre de l'homme. Alors que la respiration dite thoracique fait fonctionner principalement, pour inspirer et expirer l'air, les contractions et décontractions des muscles costaux ; au contraire, la respiration dite ventrale ou abdominale fait fonctionner principalement les contractions et décontractions du diaphragme. C'est cette respiration abdominale qu'exige le Tai Chi Chuan & Chi Gong; et il faut surtout éviter une respiration brutale et accélérée qui serait uniquement provoquée par les mouvements de la cage thoracique.



YuYuan




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